Charles de FOUCAULD, prêtre du diocèse de Viviers

Charles de Foucauld était « prêtre libre du diocèse de Viviers, autorisé à résider dans le vicariat apostolique du Sahara » (A. Jaufrès, Un moderne Père du Désert, Hervé frères imprimeurs, Annonay, 1917). Il avait été ordonné, en tant que moine (« nonnus »), par Mgr Montéty sous la présidence de Mgr Frédéric Bonnet, l’évêque du lieu, au titre de son patrimoine (« sub titulo patrimonii ») le 9 juin 1901. L’abbé Jauffrès, auteur d’une première courte biographie de Foucauld après sa mort, cite ces mots de Mgr Bonnet, évêque de Viviers : « Le Père de Foucauld était nôtre. Il ne nous appartenait pas par son origine. […] il devient prêtre. Il dut, à cette occasion, se choisir une famille diocésaine. Il opta pour la nôtre et me supplia de lui en
ouvrir la porte. Je l’ouvris à deux battants. Il entra, et, dès ce jour, il fut nôtre. »

Le 11 septembre 1901, dans une lettre à Henry de Castries, Foucauld explique : « Vous voyez ce que je demande : la permission de m’établir, à mes frais, à Igli, et d’y vivre sans aucun titre officiel, en prêtre libre […]. Je ne demande ni vivres remboursables, ni rien du tout. […] Je suis prêtre libre ». Le Père Jean Ribon, en 2001, décrit bien la situation singulière de ce prêtre sans mission dans son diocèse : « Le Père de Foucauld ne sera pas ordonné au titre du diocèse pour le service du diocèse – ce qui lui assurerait en retour une honnête subsistance, mais au titre de son patrimoine personnel comme le prévoit le Droit Canonique ». (Colloque ChdF prêtre, Viviers, 2001, p. 61).

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Le présent à Haïti. Petite soeur Armelle

Chère famille,
Chers amis,

Merci à vous pour vos messages d’amitié et de soutien en cette nouvelle épreuve que le pays, les fraternités de l’Incarnation traversent. Pardonnez-moi si je ne réponds pas à chacun (e)personnellement.

Toute la semaine j’ai pensé à vous donner des nouvelles sur la situation actuelle après le 14 Août mais cela m’a été impossible. Pardonnez-moi mais l’accueil des filles de Léogane, la préparation de la rentrée scolaire très proche pour nos 41 filles me demande beaucoup de travail en ce moment.

Comme tous le constate, Haïti cumule de graves problèmes et les solutions se cherchent… Ce dernier tremblement de terre survenu déstabilise toute la population car trop de familles sont touchées par la gravité de la situation. Déjà, pour raison économique, les gens avaient faim. Ces trois régions du Sud étaient confinées forcées à cause de l’insécurité où 43% de leur produit agricole invendus et perdus puisqu’ils ne pouvaient plus venir vendre à Port-au-Prince et puis voilà la catastrophe du 14 Août venue tout détruire ! Ce tremblement n’affecte pas seulement les trois grandes villes du Sud mais tous les villages de montagne autour des villes puisque l’épicentre s’est manifesté sur une chaîne de montagnes ce qui fait que même les gens des campagnes sont atteints.

Où en sommes-nous actuellement ?

Il reste difficile d’évaluer le nombre de morts et de blessés car on nous dit que certains villages n’ont pas encore pu être visités car les routes et chemins détruits ont fait perdre les repaires… mais il y a un bon nombre de disparus cependant pendant que certaines autorités enquêtent toujours sur l’assassinat du Président, les autres s’affairent activement pour porter secours aux sinistrés mais l’ampleur des dégâts est très importante ! Les autorités locales se heurtent aux autorités gouvernementales et des organismes en raison de la lenteur des secours car il pleut, les familles se trouvent en danger sans bâches ni tentes, manquant d’eau potable et d’alimentation. Tant de personnes sont touchées et manquent de tout !

Après avoir rendu les routes principales accessibles, les secours par voie de terre sont arrivés mais c’est difficile d’avoir accès hors des villes, il faut se rendre à pieds. Jérémie, le grand Sud est difficile d’accès et on comprend bien que les appels au secours sont impatients !

Une situation bien différente de 2010 où le tremblement de terre était centré sur Port-au-Prince et l’accès était plus facile à porter secours mais dans les Provinces c’est bien autre chose.
Les Haïtiens sont solidaires et les aides ont été envoyées rapidement mais pour certains l’acheminement a été difficile car les gangs empêchaient le passage vers le sud. Plusieurs camions d’alimentation en chemin n’ont pu arriver à destination car les gens ont attaqué les chauffeurs pour vider les camions au passage. ‘’Ventre affamé n’a point d’oreilles ‘’ !… Et les chauffeurs revenaient vers la Capitale. Actuellement, la police accompagne les convois et les appels à la vigilance et à la solidarité ne cessent d’être divulgués.

Frère Accilien, responsable général des Petits Frères de l’Incarnation vient de rentrer du Sud où il est allé rencontrer les Petits Frères et vivre avec eux durant trois jours. Les Petits Frères n’ont pas été blessés, un membre de la famille d’un Petit Frère est décédé. Frère Accilien a trouvé ses frères malades à la suite du tremblement de terre mais ils vont bien actuellement. Les deux maisons des fraternités du Sud sont tellement fissurées qu’elles doivent être détruites. Il précise que les aides n’arrivent pas vraiment à destination et les sinistrés sont si nombreux qu’ils manquent de tout : eau potable, nourriture, un abri, des vêtements, de sécurité également. Une situation qui plonge vraiment dans la tristesse car on est incapable de leur venir en aide.

Les autorités parlent tous de reconstruction mais est-ce la première étape à envisager ? Hier soir, Monseigneur Beauvoir- Directeur de Food For The Poor- suppliait et exhortait à vivre la solidarité, à laisser acheminer les dons vers les plus nécessiteux, les paysans qui n’ont plus rien.

Hier, nous recevions un appel sollicitant l’aide des Petits Frères pour créer une station d’eau potable dans la zone de Jérémie (deux stations d’eau potable créées par eux fonctionnent au service d’une zone de PAP et de Hinche). Un RV est fixé pour échange.

La rentrée scolaire est retardée au 21 Septembre pour les non sinistrés et le 4 octobre pour les trois départements touchés par le séisme. Les enfants s’angoissent à l’idée d’une nouvelle année perturbée et qui commence déjà par être retardée…

La situation vous le devinez ne s’améliore pas et le pays semble bien être dirigé par les gangs actuellement !…

Chers amis, nous gardons espoir de jours meilleurs où la paix reviendra dans cette Haïti chérie et nous nous tournons vers notre Dieu qui peut soutenir tout ce monde en souffrance ici et ailleurs !

De tout cœur avec vous.

Ps Armelle

PDF: Le présent à Haïti – Petite soeur Armelle

Frére de mon ennemi. Aurelio SANZ BAEZA

Notre atelier du cœur dispose d’outils pour entretenir, réparer en cas de détérioration, mettre à jour ou même créer de bonnes sensations. Parfois, nous ne pouvons pas trouver l’outil, ou ils sont en panne, ou cassés, ou nous avons besoin de nouveaux outils difficiles à obtenir. Nous utilisons aussi parfois le mauvais outil, car nous pensons qu’il est plus facile à manipuler. L’atelier du cœur peut être endommagé, fuyant ou non ventilé; il peut être petit ou pas toujours propre. Il est probable que nous ayons eu des moments où l’atelier était «fermé pour les vacances»… Dans l’atelier du cœur, des sentiments abîmés, de la méfiance envers les autres, de l’orgueil blessé – l’ego ridiculisé – et des déceptions. Formes, couleurs, perceptions très différentes.

J’ai entendu une fois une personne me dire “Les roseaux deviennent des lances”, faisant référence à la grande déception de la “nullité amicale” de quelqu’un qui pensait qu’il était un grand ami. Après avoir perdu l’amitié, cette méfiance peut venir non seulement de la personne, mais aussi des autres qui se méfient de nous. «Le cœur est purifié, il est ordonné, il est purifié. De quoi? Des mensonges qui le salissent, de la double hypocrisie; nous les avons tous, nous tous. Ce sont des maladies qui blessent le cœur, qui brouillent la vie, la font doubler. Nous devons être nettoyés de nos fausses garanties, qui négocient pour la foi en Dieu avec les choses qui arrivent, avec les commodités du moment. ” Le pape François à la messe à Erbil, en Irak, le 7 mars 2021.

On entend souvent “que je ne pardonnerai jamais”, “ne fais confiance à personne”, “pense mal et tu auras raison” … Avec l’évangile entre nos mains, sachant que c’est un appel permanent à la fidélité, parce que Jésus, le Maître Le Seigneur, a pardonné, fait confiance e t n’a eu de sentiment négatif envers personne, nous ne pouvons accepter la méfiance et la suspicion comme une norme de vie, mais c’est compréhensible car nous sommes des êtres humains, et non des robots programmés pour un certain comportement.

Beaucoup de gens traversent nos vies, certains restent, d’autres passent simplement. Selon l’endroit où nous sommes et où nous vivons, nous voyons chaque jour des réalités humaines différentes, et certaines d’entre elles nécessitent notre attention en raison de notre travail ou de notre coexistence dans un lieu ou un quartier commun, et d’autres réalités sont extérieures à notre vie quotidienne la plus proche.

Les zones de conflit ou de bonne compréhension varient en fonction de notre psychologie, de notre culture, de notre âge … Il y a en chacun de nous un monde différent de celui des autres et donc des manières différentes de résoudre ou de surmonter les difficultés de la coexistence , amour familial ou communautaire, esprit de travail commun ou relation d’amitié.

Si notre vie entre en conflit avec une ou plusieurs personnes, l’atelier de notre cœur doit produire beaucoup de respect et de responsabilité, pour nous placer là où nous devons être, avec le dialogue possible, en comprenant les raisons des autres, sans les juger. Il vaut mieux réparer que jeter. Et si nous verrouillons les portes, nous pouvons nous enfermer à l’intérieur, avec la clé à l’extérieur.

Parce que:

quand nous croyons qu’une amitié ne sera jamais rompue, et c’est le cas.
Quand nous sommes au-dessus de tout le monde.
Quand nous pensons que nous sommes meilleurs que les autres.
Quand dans la vie, les échecs pèsent plus que les triomphes.
Lorsque nous nous considérons comme l’ennemi de nous-mêmes.
Quand ça nous fait mal qu’il y ait des gens qui ne s’engagent pas comme nous.
Quand nous ne sommes pas mûrs pour accepter les défaites,

ensuite:

saisissons l’outil de l’humilité, regardons Jésus abandonné, blessé.

Le pape François a dit lors de la messe de rite chaldéen dans la cathédrale Saint-Joseph de Bagdad le 6 mars 2021: «Si je vis comme Jésus le demande, qu’est-ce que je gagne? Est-ce que je ne risque pas d’être piétiné par les autres? La proposition de Jésus en vaut-elle la peine? Ou est-ce un perdant? Elle n’est pas une perdante, mais une sage ». Et la sagesse est la sœur jumelle de l’humilité.

Si nous nous trouvons dans des situations où, même après avoir pardonné et oublié, l’atelier de notre cœur n’arrive pas à faire des changements dans la vie personnelle ou celle de ceux qui se sont distancés de notre affection, de notre fraternité, de notre amitié et confiance, dès notre accueil, nous nous sentirons à nouveau vaincus… Nous ne pouvons pas changer les autres. Accepter la situation requiert un degré de maturité qui nous permettra d’être en paix avec nous-mêmes.

Quand nous nous considérons comme les «enfants prodigues» de nos frères, et que nous retournons là où nous n’aurions jamais dû nous dire au revoir, quand l’autre personne nous attendait, l’atelier du cœur est libre de vieux et inutiles ordures, débarrassé des toiles d’araignées de préjugés, donnant du temps au temps, sans gagnants ni perdants.

Que je sois le frère de mon ennemi, avec la joie intérieure non d’avoir la conscience claire d’avoir fait les meilleures choses possibles, mais celle qui donne la paix au cœur, que la charité et l’amour réparent, alors la joie qui dénote l’équilibre dans notre sentiments. Un défi, le défi de Jésus qui nous appelle à pardonner soixante-dix fois sept et à être pardonné autant d’autres.

Aurelio SANZ BAEZA

(Boletín Iesus Caritas, 210)

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