Témoignage sur la soeur Odette PRÉVOT de Chantal GALICHER

Il y a déjà 10 ans que les événements se sont passés et le temps efface ou modifie les souvenirs. Je vais m’efforcer de les retrouver aussi exacts que possible.

Par 2 fois, j’ai été envoyée à la fraternité de Kouba où vivait Odette : en 1978-1979 et de 1991 à1995. J’ai donc vécu à Alger avec Odette jusqu’à son dernier jour et j’ai pu constater l’évolution qu’elle a vécue surtout pendant sa dernière année.

Odette avait une personnalité forte, elle avait beaucoup de dons humains et spirituels, mais aussi un caractère abrupt qui ne la rendait pas facile à vivre, cependant, j’ai toujours eu le sentiment que « Quelqu’un » l’habitait et la conduisait, ce qui ne se faisait pas sans luttes intérieures. Elle avait une grande puissance de travail, une grande capacité d’attention et d’écoute, particulièrement pour les enfants auxquels elle consacrait beaucoup de son temps au retour de son travail, dans le soutien scolaire (elle était institutrice de profession et de cœur). Elle avait aussi un grand souci pastoral, elle était attentive à la qualité de la vie liturgique à la paroisse de Kouba. Dans la liturgie bien préparée, elle entendait exprimer à la fois la grandeur et la proximité de Dieu.

La rencontre avec l’Islam marquait son chemin spirituel, elle était en recherche, en attente de rencontrer les musulmans et d’en recevoir une lumière sur leur chemin. Je me souviens de sa joie et de son étonnement, quand un jeune musulman, ne sachant pas s’il devait ou non participer au Ribat, avait simplement ouvert son Coran, au hasard, priant Dieu de l’éclairer et y avait trouvé une phrase qui, pour lui était une invitation à suivre un nouveau chemin en participant au Ribat : Dieu peut-Il donc parler aussi par le Coran, comme Il nous parle par la Bible ?

Il me semble que sa relation à l’Islam, qui était devenue un élément fondamental de sa vie, s’exprime parfaitement dans une sorte de calligraphie qu’elle avait apportée à un chapitre de la Fraternité auquel elle avait participé. Voici le commentaire qu’elle en avait fait et qui a été redonné par l’une des participantes à ce chapitre :

« En 1989, Odette participa au chapitre de la Fraternité. Chacune y était invitée à apporter un objet, un symbole qui exprimait quelque chose de ce qu’elle vivait, là où elle était envoyée. Elle apporta cette calligraphie avec cette explication :

Au cours d’une méditation sur sa vocation, son envoi au peuple Algérien, elle s’arrêta sur le Nom de Dieu : Allah et elle traça cette écriture (en noir). Elle fut frappée par ces 3 verticales et cela la poussa plus avant dans sa méditation. Elle contempla alors ce Dieu Amour et voici qu’elle aperçu la dernière lettre : h (un peu comme l’ébauche d’un cœur, alors, elle forma l’autre moitié du cœur (en rouge). Elle se laissa porter jusqu’à la vision de cet amour, traversé par la contradiction. Elle sentit son amour pour ce peuple, traversé lui aussi par bien des divergences (et pas seulement culturelles) chemin parfois difficile à se frayer et à poursuivre au sein de l’Islam. Alors, elle traça la petite transversale rouge qui traverse le Nom. Quand ses yeux s’ouvrirent, elle vit ce symbole (le cœur) qui est le tout de notre appel, réponse du Seigneur à notre quête. »

Cette méditation qu’elle avait livrée à ses sœurs pendant le chapitre de 1989, me semble exprimer le profond de sa vie en terre d’Islam, en unissant le nom de religion qu’elle avait « reçu » au début de sa vie religieuse : « de la croix » et le Sacré-Cœur, du nom de la Fraternité.

La dernière période de sa vie a été marquée, bien sûr par la situation sécuritaire de l’Algérie, la tension montait et se posait la question de vérifier nos motivations de rester en Algérie. A la demande du P. Tessier et d’Annie, notre responsable générale, Odette a exprimé son choix de rester pour continuer la mission de Jésus et a développé ses motivations pour cela. Le texte est connu et exprime la dimension eucharistique de notre vie qu’elle entendait assumer : faites ceci en mémoire de moi.

Dans cette période, nous avons fait ensemble une session PRH ensemble, Odette, Anne Marie et moi. Cette session a été, je pense un élément important dans le changement qui s’est opéré en elle à cette époque, elle a ressenti la nécessité de travailler sur elle et d’exercer pleinement la liberté intérieure dont elle jouissait. Peu à peu, nous avons constaté qu’en elle une évolution se faisait. Elle est devenu moins irritable, plus calme et perdait de son besoin de critiquer à priori.

Peu avant Noël 1994, en rentrant des Glycines, elle nous a dit qu’elle avait vécu un dur combat pendant l’Eucharistie du matin. Elle avait entendu la lecture du livre des Cantiques des Cantiques 2, 8-14 où il est dit : «  Lève-toi, mon amie, viens ma toute belle… » Cette parole l’a atteinte au plus profond d’elle-même et elle l’a entendue comme une invitation à une rencontre prochaine. Jusqu’au moment de la communion, elle a été en lutte. Au moment de la communion, elle a pu dire à peu près : « Ce sera quand tu voudras » et la paix s’est installée en elle…..

Témoignage de Chantal 2014

Pendant l’été 1995, nous sommes rentrées en France. Lors d’une rencontre de la Fraternité, beaucoup de sœurs ont noté un changement de comportement d’Odette, dans le sens d’un apaisement, d’un assouplissement. Elle est allée dans sa famille et au moment de quitter sa belle-sœur, elle lui a dit : « Si tu veux me faire un cadeau, permets-moi d’offrir ma vie » Il était évident que le Seigneur travaillait en elle et qu’elle se livrait à ce travail.

Odette et moi, nous sommes revenues à Alger, Anne Marie avait des problèmes de dos et elle devait rester pour se soigner en France.

Un évènement important se préparait en Algérie, le 16 novembre 95, devait avoir lieu la première élection présidentielle pluraliste, l’approche de cet évènement faisait craindre un regain de violence, déjà 10 religieux ou religieuses avaient été tués en Algérie depuis mai 1994, aussi le P. Tessier, nous avait demandé de limiter nos déplacements et de ne rentrer chez nous (à une douzaine de kilomètres du centre d’Alger où nous travaillions l’une et l’autre) que pour le week-end (jeudi et vendredi), c’est ce que nous avions fait pendant environ un mois. Nous rentrions le mercredi soir et une voisine, mère de 6 enfants, malgré ses faibles ressources, nous préparait toujours un couscous, car, disait-elle, vous n’avez plus de provisions à la maison et vous ne pouvez pas faire les courses en rentrant. Ce couscous garde pour moi une saveur inimitable.

Le jeudi 9 novembre, un jeune du quartier est venu voir Odette pour qu’elle l’aide à rédiger un devoir, (elle aidait beaucoup de jeunes du quartier dans leurs études) puis, un étudiant habitué du CCU (Bibliothèque universitaire des Jésuites, où je travaillais), est arrivé, sortant d’une réunion électorale du candidat du RCD (parti laïc démocratique), il voulait nous partager l’espoir qu’il mettait dans ces élections, les premières qui offraient un choix.

Le soir, au téléphone, le Père Marcel Bois, notre curé a fixé l’heure de la messe pour le lendemain matin : 8h30. Il changeait régulièrement, car les trajets entre la maison et l’Eglise étaient devenu un temps privilégié d’attaque des religieux ou religieuses.

Le lendemain matin, avec Odette, nous sommes sorties de la maison, pour arriver sur la grande artère voisine. Nous avions rendez-vous vers 8h1/4 avec une amie, qui nous prenait en voiture pour aller jusqu’à l’Eglise du quartier. A cette heure-là un vendredi matin, jour de repos, la rue était déserte. Là, il y a un blanc dans ma mémoire, je me retrouve assise par terre, avec du sang qui me monte à la gorge par saccade. J’ai craché ce sang et le flux s’est heureusement tari ! Constatant que je ne ressentais pas de douleurs, je me suis dit que cela ne devait pas être grave. En levant les yeux, j’ai vu un tout jeune homme armé. Nous nous sommes regardé et je me souviens de m’être dit : « Merci mon Dieu, je ne le connais pas » Il m’aurait été très dur, en effet, de reconnaître un de nos voisins. Grâce à cette « entrevue » j’ai toujours eu le sentiment que je n’avais pas été personnellement visée, mais que je ne l’avais été, qu’en tant qu’Européenne ou religieuse, ce qui est tout autre chose. J’ai été étonnée de ne pas ressentir de peur à ce moment-là, mais de l’étonnement, peut-être parce que ce garçon me semblait très jeune, ou parce que cela ne ressemblait pas à ce que nous nous imaginions parfois en pensant à ce qui pourrait arriver, ou encore, parce que la situation étant objectivement grave, Quelqu’un d’autre me couvrait sous son ombre et me prêtait ses yeux et son cœur pour voir et sentir autrement. Ensuite, derrière l’endroit où était notre agresseur, j’ai vu Odette, écroulée sur le sol, j’ai réalisé qu’elle était morte, mais curieusement, sans éprouver d’émotion, c’est peut-être une anesthésie émotionnelle du choc

Au bout de quelque temps, un policier arrivé, il m’a amenée en voiture à l‘hôpital du quartier, juste à côté. A l’accueil, un voisin était là et m’a regardé l’air effrayé, je lui ai demandé de prévenir le curé, puis on m’a expédiée à Aïn Naja, l’hôpital militaire d’Alger. Je n’ai plus aucun souvenirs depuis mon entrée dans l’ambulance jusqu’au réveil à l’hôpital Bégin à Paris, le lundi suivant. J’y avais été transférée le vendredi soir après avoir reçu les premiers soins à Alger.

Nous avions vécu à 3 ces années noires à Alger et heureusement, nous n’étions que 2 ce jour-là, mais c’est en France qu’Anne Marie a appris la nouvelle et cela a été pour elle une blessure terrible qui a mis beaucoup plus de temps à se cicatriser que les miennes. Il y a ce qui est visible et ce qui ne se voit pas.

Au réveil, le bilan n’était pas encourageant : l’œil gauche très perturbé, le bras droit dans le plâtre, l’avant-bras chargé d’un fixateur externe (le radius était brisé et il en manquait 1cm)) et la main droite était incapable de s’ouvrir seule, je ne pouvais me soulever dans le lit que si l’on me soutenait le cou, ni m’alimenter par voie orale et une infection me mangeait les poumons, mais comme au moment de l’attentat, mon état de faiblesse me laissait à l’ombre de Celui qui repousse au loin les mauvais rêves et les angoisses de la nuit : je me souviens de morceaux du psaume 90 qui habitaient mes insomnies: « Quand je me tiens sous l’abris du Très haut… Qu’il en tombe mille à tes côtés… toi tu restes hors d’atteinte » Un autre texte me revenait à l’esprit : « Deux femmes sont assises ensemble à la meule, l’une est prise, l’autre est laissée… » C’était l’évangile du vendredi suivant. La route a été longue et semée d’embuches pour retrouver l’autonomie et la santé, en essayant de ne pas oublier ce qui m’a été donné de vivre et la question : « que faire de cet événement » ?

Après cela, je comprends mieux que pour le peuple Hébreux, les 40 ans de marche au désert, qui n’avaient rien d’une promenade de santé ait été relus comme un temps privilégié de rencontre avec son Dieu.

La liste serait longue de tous ceux et celles qui d’une façon ou d’une autre ont contribué à me remettre debout, à traverser le désert et à remonter la pente et je leur suis très reconnaissante.

L’année suivante, à la suite de l’enlèvement, et de la mort des moines de Tibhirine, le testament de Christian de Chergé a été publié. Lorsque nous nous rencontrerons s’il plait à Dieu, je lui demanderai comment comprendre cette phrase de son testament : « J’aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. Qu’ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal.» Mais peut-être alors, dans la Lumière n’aurai-je plus besoin d’explications.

Chantal Galicher
Romans sur Isère le 19/09/2014

PDF: 2 Témoignage sur Sœur Odette Prévost de Chantal Galicher 2005 et 2014

Petite soeur Odette PRÉVOT, martyr de l’espérance

ODETTE PREVOT, MARTYR DE LA ESPERANCE

Il est bien connu de tous ceux qui ont suivi le processus de béatification que notre congrégation des Petites Sœurs du Sacré-Cœur, de Charles de Foucauld, ne la souhaitait pas, mais nous avons toujours voulu rester solidaires du groupe des congrégations concernées.

Plusieurs raisons ont motivé ce non-souhait de la béatification. Les deux motivations les plus connues sont le sort de tout le peuple algérien, et notre désir de discrétion, en lien avec notre vocation à la suite de Charles de Foucauld. La troisième, la moins connue, et qui « comme prieure » m’a toujours tenue à cœur, c’est que dans l’attentat qui a coûté la vie à Odette, il y avait aussi Chantal, l’unique rescapée d’un attentat contre des religieux de cette période. C’est de l’ordre du miracle qu’elle en soit sortie vivante, ainsi que la manière dont elle a pu intégrer cet attentat dans sa vie, même si son corps et son être en resteront marqués à jamais.

Puisque le titre de « martyr » est incontournable dans la béatification, pour nous Odette sera Martyr de l’Espérance, de « l’Espérance du Salut ». C’est en lien direct avec la réalité de ce que fut sa vie et sa vocation de petite sœur du Sacré Cœur, de Charles de Foucauld et que rejoignent trois numéros de nos constitutions, qui nous ont toujours marquées profondément :

  • « Elles ” font du salut des hommes l’œuvre de leur vie ”
    en se laissant sauver elles-mêmes,
    avec un peuple en marche,
    dans la conscience des liens profonds
    qui unissent tous les hommes entre eux dans le Christ. » (N°11)
  • « Les petites sœurs sont envoyées aux hommes les plus éloignés, […]
    pour vivre, avec eux, l’espérance du salut. Elles n’ont pas d’autre œuvre à réaliser dans l’Eglise. (N°50)
  • « Leurs propres faiblesses
    reconnues devant leurs frères et livrées à Jésus
    seront signes d’espérance pour les pauvres. » (N°74)

Odette était quelqu’un de douée intellectuellement, très pédagogue et généreuse ; elle a aidé de nombreux enfants et jeunes pauvres du quartier dans leurs études, avec l’espoir qu’ils s’en sortent dans leur vie…La rencontre avec l’Islam a marqué profondément son chemin spirituel. Odette était aussi connue comme ayant une personnalité forte, avec un tempérament plutôt difficile et abrupt. Elle portait en elle, comme chacun de nous, les blessures de son histoire qui faisaient d’elle une femme, inquiète, n’ayant pas très confiance en elle….mais « habitée par Quelqu’un qui la conduisait.»1

Les deux dernières années, dites « les années noires », Odette entrera davantage, dans une évolution intérieure d’apaisement qui a été bien remarquée par tous ceux qui l’ont côtoyée. Deux facteurs ont contribué à cela :

  • Le travail de connaissance sur elle et son histoire, en communauté et poursuivi personnellement. Elle l’a vécu comme un travail de libération intérieure
  • La situation tragique du peuple algérien et le discernement, demandé par Monseigneur Tessier à tous les religieux présents en Algérie, de « rester ou partir » l’ont centrée sur les points essentiels de sa vie et de sa vocation à la suite de Jésus, spécialement dans sa dimension Eucharistique

Odette tout au long de sa vie a dû apprendre à espérer en elle-même, de la même manière qu’elle a appris à espérer dans le peuple algérien, raison pour laquelle elle a choisi de rester dans ces circonstances dangereuses. Croire dans les autres, croire en soi et ne pas désespérer c’est souvent de l’ordre du martyre quotidien dans nos vies

Finalement la sainteté et le bonheur des béatitudes, n’est-ce pas cela avant tout autre chose ? Croire en Celui qui espère en nous, si nous Le laissons faire et agir sans cesse en nous, malgré « les travers » de nos tempéraments et les situations chaotiques du peuple et de la société où nous vivons ?

Etre témoin de l’Espérance en Christ Ressuscité, ne signifie pas être délivré de toute inquiétude face à l’avenir. C’est parce qu’Odette était de nature inquiète que nous mesurons davantage l’importance qu’a pu avoir durant ses dernières années, la prière qu’elle portait sur elle, comme un viatique, au moment de l’attentat :

« Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi.
Vis le en Lui.
Le jour de demain est à Dieu, Il ne t’appartient pas.
Ne porte pas sur demain le souci d’aujourd’hui.
Demain est à Dieu, remets-le-Lui.
Le moment présent est une frêle passerelle.
Si tu le charges des regrets d’hier,
de l’inquiétude de demain,
la passerelle cède et tu perds pied.
Le passé ? Dieu le pardonne.
L’avenir ? Dieu le donne.
Vis le jour d’aujourd’hui en communion avec Lui

Si nous n’avons pas souhaité cette béatification, nous la recevons aujourd’hui avec reconnaissance, comme un signe que Dieu nous envoie à nous, les Petites Sœurs du Sacré Cœur, de Charles de Foucauld, pour continuer à vivre notre vocation de guetteur d’Espérance dans nos propres histoires personnelles, de congrégation et de la société où nous vivons …… Et cela en communion avec tant d’hommes et de femmes qui vivent de diverses manières cette vocation de guetteur d’Espérance dans leur propre vie et dans la société.

Isabel Lara Jaén,
Prieure des Petites Sœurs du Sacré Cœur,
de Charles de Foucauld

PDF: 2018 COMMUNIQUE SUR LA BEATIFICATION ODETTE

Nouvelles de la Famille Spiriuelle Charles de Foucauld

Bonjour à vous tous!

Voici le résultat des différents appels !

Je vous souhaite une bonne lecture et puis un temps (peut-être des vacances) bien reposant en été.

Avec toute mon amitié

Marianne

Comunitat de Jesus

Le plus remarquable était la préparation pour célébrer le cinquantenaire de la fondation de la Comunitat de Jesús. Le 29 septembre 1968, dans l’ermitage de la Sainte Croix à la montagne de Montserrat pendant l’Eucharistie célébrée par le moine-ermite P. Estanislau Ma. Llopart, les premiers sœurs et frères de la Comunitat ont prononcé solennellement leur engagement personnel que, par la grâce de Dieu, nous a conduit jusqu’à présent. Ce jour-là est très loin mais son souvenir nous accompagne. C’est devenu une longue démarche avec des expériences très diverses, avec joie et avec souffrances, lumières et ombres. Mais en marche !

Concernant la situation socio-politique chez nous nous vous demandons encore votre prière à fin que, en Catalogne et dans les diverses régions de l’Espagne, nous pouvons quitter le cul-de-sac pour vivre en paix et justice, peut-être encore mieux: en justice et paix.

Ci-joint le logo du cinquantenaire : L’ermitage de la Sainte Croix à Tarrés reliée à la montagne de Montserrat où notre communauté était née.

Comunitat de Jesús 1968 – 2018

Discepole del Vangelo

Cette été à Rome, le 11 et 12 aout, le pape François va rencontrer les jeunes de l’Italie, en vue du synode des jeunes du mois d’octobre. Les jeunes vont se rendre à cette rencontre à travers un pèlerinage à partir de différentes villes de l’Italie. Nous aussi, nous participerons à ce rendez-vous avec les jeunes des paroisses où se trouvent nos fraternités. Ce sera une occasion importante de partage, de spiritualité, d’écouter bien sûr la parole du pape, mais aussi les désirs et les idées des jeunes italiens pour l’Eglise.

En effet, depuis l’annonce du synode des jeunes, le choix du pape nous a beaucoup interpellées, surtout son insistance sur la nécessité de s’opposer à une culture du déchet, qui malheureusement a des conséquences, entre autres, sur les jeunes mêmes. Dans les sociétés les plus riches, les jeunes sont aujourd’hui confrontés à des milliers de possibilités de choix et de vie, mais souvent sans points de repère ou sans des adultes fiables qui puissent les aider à s’orienter. Dans beaucoup de pays, ils sont obligés à fuir la guerre ou la misère, au risque de leur vie et sans aucune certitude pour leur avenir. Nous avons souhaité nous unir au mouvement du pape François et saisir différentes occasions pour donner la parole aux jeunes à propos de l’Eglise, de l’évangélisation, d’eux même dans nos communautés chrétiennes et dans notre société.

A différentes occasions, donc, nous avons demandé aux jeunes entre 15 et 30 ans ce qu’ils demandent à l’Eglise aujourd’hui et ils nous ont partagé de très belles choses.

Certains souhaitent, par exemple, que l’Eglise soit « accueil, nouveauté et changement. » Accueil « des personnes qui ont plus de besoin, mais aussi de ce qui change dans notre société, des nouvelles dynamiques des relations. » Et donc une Eglise « nouveauté », capable de témoigner que l’amour selon l’Evangile est beau et possible. Voilà le « changement » dont on a vraiment besoin, dans notre époque marquée par la peur, la méfiance, la division : « l’Eglise devrait proposer un modèle de vie qui permette à tous de vivre ensemble dans la paix et le respect. »

Les jeunes attendent de l’Eglise qu’elle continue à être le gardien de la foi et de la transmission de l’Evangile, mais pas d’une façon rigide et immuable, au contraire, « en impliquant les nouvelles générations, à la recherche de nouvelles formes des communications et d’un langage adapté à notre temps. » Enfin, les jeunes désirent « une Eglise plus proche aux personnes », à n’importe quelle personne, riches et pauvres, croyants et non croyants, les musulmans, et tout particulièrement les plus démunis. Une Eglise « qui prend soin aussi des jeunes » et qui les accompagne dans leur chemin de foi et de vie.

Ces jeunes nous dessinent le visage d’une Eglise missionnaire, qui annonce l’amour du Seigneur par ses paroles et ses gestes, et qui bâtit des ponts aux lieux des murs, comme nous invite le pape.

C’est un appel très fort qui est lancé et qui demande d’être entendu. Un appel qui nous touche et qui nous parle beaucoup par rapport à la spiritualité du frère Charles et à son actualité aujourd’hui même par rapport aux jeunes générations : donc, comme dit le slogan de la rencontre d’aout, « Nous sommes là ! »

Fraternité Charles de Foucauld

Nous commençons, en plein Carême, ce voyage à travers l’Amérique Latine à la demande de la fraternité du Chili, et dans l’objectif de partager avec les différentes fraternités non seulement leur situation actuelle, mais aussi afin de voir comment elles vivent les réalités actuelles dans leurs différents pays, qui ont pour dénominateurs communs la violence, la pauvreté et les inégalités qui surgissent de différentes manières, au travers du trafic des bandes organisées, ou au travers de la violence institutionnelle, accentuée tout spécialement au Méxique et en Colombie.

Nous remercions Dieu pour ce voyage qui nous a permis de constater que “l’esprit de Foucauld” est encore vivant au sein de chaque rencontre de la fraternité.

En Bolivie, nous avons eu l’occasion de rencontrer tous les membres de la Fraternité et d’assister à l’Eucharistie avec les Petits Frères de l’Évangile qui ont une fraternité à Cochabamba. Nous avons également profité d’une chaleureuse rencontre avec les jeunes en formation.

Ensuite, nous sommes allées rendre visite aux trois fraternités chiliennes, et avons été heureuses de passer du temps en présence des personnes qui ont construit les débuts de la fraternité en Amérique Latine, et qui continuent de vivre avec enthousiasme et joie la spiritualité. Elles accumulent l’expérience, la sagesse et la grâce, dans un accueil chaleureux et “savent être en accord avec leur âge et leur santé”.

La situation de la fraternité des Andes est différente parce que la majorité des personnes qui la compose sont nouvelles et d’âge avancé.

Nous avons cru bon rencontrer Liliana en Argentine, afin de boucler une longue période au service de la Fraternité en tant que trésorière. Ces quelques jours nous ont permis de nous reposer, de profiter de la nature, et de pouvoir prier ensemble.

De là nous nous sommes dirigées à Foz de Iguazú où nous avons rendu visite à Idalina et Filomena, et partagé avec elles deux jours de leur quotidien intense au service des familles défavorisées des favelas, et plus spécialement de la protection des mineurs. Là, nous avons eu la chance d’avoir un entretien téléphonique avec María Smaldone.

Durant notre séjour de plusieurs jours entre la chaleureuse population de Piura (Pérou), nous avons consacré notre week-end à passer du temps avec la fraternité dans son ensemble, une fraternité jeune, qui, malgré les difficultés, va de l’avant.

Finalement, après ce marathon de vols, nous avons atterri au Méxique, oú la fraternité s’était réunie dans la ville de Saltillo pour que nous puissions être ensemble durant notre séjour et partager leur retraite annuelle. Après le décès de Maria Martha, qui a dédié ses meilleures années à la fraternité, le groupe est encore solide.

Après cette vaste visite aux fraternités d’Amérique Latine, qui fut une occasion pour vivre avec elles les situations rencontrées, nous croyons qu’il est indispensable de revoir le Régime Interne pour unifier des critères comme “vivre aujourd’hui notre choix de célibat, laïque et engagée avec les réalités du monde d’aujourd’hui”.

Nous célébrons la joie de Pâques, le Seigneur passe en faisant “nouvelles toutes les choses”, nous avons besoin de vivre un amour pour recréer un monde nouveau, qui transforme, qui arrive jusqu’aux plus pauvres, aux maltraités, à tous les crucifiés par tant d’injustices et d’inégalités. Vivons avec eux cette clameur de la Pâques. N’arrêtons pas de rêver d’un monde sans peurs, sans murs qui isolent et séparent.

La résurrection de Jésus nous pousse à rompre avec ces murs et ces peurs, et, selon les mots du Pape François, à travailler pour “recoudre un monde qui se déchire”, fruit de l’injustice et de l’inégalité, et à renforcer ces signes d’espérance qui apparaissent face au malheur humain. Il y a des personnes qui se solidarisent, partagent, soignent, prêtent attention et accompagnent cette souffrance mais aussi dénoncent les injustices de tant de souffrance humaine. Recoudre le monde c’est aussi en terminer avec les différences.

Petites Sœurs de l’Evangile

Nous avions parlé dans une précédente lettre de la restructuration de la région Europe en vue de se donner des bonnes conditions pour continuer notre mission, dans une entraide possible entre différentes communautés.

En effet l’éloignement géographique des différentes fraternités devient un obstacle quand les sœurs diminuent en nombre et … avancent en âge : les communications deviennent plus difficiles alors que le besoin de proximité et d’entraide grandit !

Les projets sont devenus réalité : la fraternité de Bari a fermé ses portes fin février et depuis début mars nous avons commencé une nouvelle insertion dans la ville de Turin. Elle se situe dans un quartier populaire de la banlieue nord-est de Turin, quartier de forte immigration, ancienne et récente.

Du nouveau en France aussi : une nouvelle fraternité a vu le jour à Paris, également dans la banlieue Nord, à la limite de notre département du 93. Une fraternité ‘jeune’, qui a mission, entre autres, d’accueillir jeunes en recherche et postulantes.

Une nouvelle d’un autre ordre : nous avons commencé il y a un mois la préparation de notre prochain chapitre qui aura lieu en juin/juillet 2019. Dès maintenant nous préparons nos cœurs à accueillir et vivre la célébration du Chapitre, temps fort de relecture et de renouvellement, à l’écoute de l’Esprit !

Petites Sœurs et Petits Frères de l’Incarnation

Les Fraternités de l’Incarnation sont là et nous nous engageons comme vous, jour après jour pour donner la VIE. Les turbulences ne manquent pas mais la vie est plus forte et l’espoir des jours meilleurs pour notre pays nous anime.

Cette année, l’évènement majeur que nous avons vécu fut, après Pâques, celui d’avoir eu parmi nous Monseigneur Claude Rault avec Marianne Bonzelet durant un mois. Nous étions à Saintard dans notre Centre de Spiritualité Charles de Foucauld pour vivre deux retraites ensemble avec Mgr Claude et Marianne en compagnie de Frère Charles. L’une avec les Petits Frères et l’autre avec les Petites Sœurs. Frère Claude, un homme de Dieu qui transpire Jésus et l’Evangile dans toute sa personne, un frère qui a vraiment su nous aider à mieux connaitre Frère Charles, le faire plus proche de nous, le situer dans un milieu concret qu’il connait bien et où Frère Charles a vécu.

Imprégné, habité par Frère Charles à travers les différents thèmes choisis, il nous a invités à aimer sa simplicité de vie, sa détermination à vivre pour Dieu et Jésus dans une relation d’amour et serviteur de l’autre.

Pour chacun (e) ce fut un temps ‘porte ouverte’ pour accueillir, laisser, comme Frère Charles, Jésus entrer chez lui, chez nous…

Marianne, discrètement, en tandem avec Frère Claude, par les icônes, et images offertes selon les différents thèmes suivis, les différents CD ou DVD de la grande famille, tous les deux nous aidaient à vivre pleinement ce temps fort et entrer dans cette relation intime avec Jésus et l’Evangile. Leur présence exhalait la paix, la sérénité, la simplicité qui nous a fait vivre une vie en fraternité. Nous étions en communion avec vous tous et toutes dans le monde et aujourd’hui, nous éprouvons encore une joie profonde d’avoir pu vivre un tel partage. Deo Gratias !

Nous éprouverons la même joie lors de votre venue parmi nous, après Pâques 2019. Nous vous attendons !… Bien fraternellement unis à vous.

Petites Sœurs du Cœur de Jésus

Il y a Un an et plus le Pape François l’ors de son passage, disait de Bangui : « Aujourd’hui Bangui est devenue la capitale Spirituelle… ». Partout où passe Dieu, on a l’impression que le diable le suit. RCA qui était la plus pauvre des pauvres est maintenant convoitée de toutes les grandes puissances à cause de son sous-sol. Bangui risque de n’être plus vu « la Capitale Spirituelle », mais la capitale convoitée, qui attire tous les démons du monde. A cause d’elle une guerre mondiale risque de s’éclater. Mais Dieu est le Maître de l’impossible, nous le croyons. Qu’Il éloigne cela de nous.

La situation difficile que le pays traverse perdure. Le 1er mai à l’occasion de la fête de Saint Joseph travailleur, la fraternité Saint Joseph des 25 paroisses de l’archidiocèse faisait leur promesse à la Paroisse N D de Fatima. Un groupe des terroristes SELEKA a fait irruption et a jeté des grenades sur la foule, 16 morts et beaucoup de blessés, parmi les morts un prêtre, l’abbé Albert aimé de tout le monde ; tiré à bout portant par une balle. Cet évènement est venu rallumer la violence vis-à-vis des musulmans. Le pays a eu 3 jours de deuil national. L’abbé et les 6 autres qui ont pu être gardés, ont été inhumés au cimetière des missionnaires, après une messe à la Cathédrale, présidée par le Cardinal et une centaine de prêtres. Le Présidant et ses Ministres, le Corps Diplomatique, la MINUSCA étaient présents. Le Cardinal a su parler avec autorité et sans violence. Il a mis chacun devant sa responsabilité. Son message a apaisé tous les chrétiens, particulièrement la jeunesse, qui était prés au pire. La Cathédrale était pleine à craquée. Un mémorial va être érigé à leur mémoire. Priez pour nous et avec nous pour la paix, et pour que les cœurs meurtris s’abaissent et se laissent guérir.

Comme vous le savez déjà, nous aurons notre chapitre en août prochain. Nous comptons également sur vos prières.

Rendez vous aux pieds de notre Bien aimé Frère et Seigneur Jésus à l’adoration et à l’Eucharistie.

Petites Sœurs du Sacré Cœur

Vous êtes certainement au courant que Petites Sœur Odette du Sacré Cœur sera prochainement béatifié. En pièce jointe vous trouverez quelques documents bien intéressants !
• Odette Prevot, Martyr de l’espérance (texte de la prieure)
• Témoignages de PS Chantale
• Textes réunis

Petits Frères de Jésus

UN APPEL

sur les traces de Charles de Foucauld

Présente depuis le début des années 1950, dans les lieux où vécut Charles de Foucauld, de 1905 à 1916, Tamanrasset et l’Assekrem, notre congrégation des Petits Frères de Jésus voudrait maintenir cette présence au milieu d’une population essentiellement musulmane.

Mais actuellement, sur le plateau de l’Assekrem, seuls 2 frères assurent cette présence et nous souhaiterions renforcer cette petite communauté, par un ou deux membres supplémentaires ce que notre congrégation ne peut plus assurer.

C’est la raison pour laquelle nous lançons cet appel auprès des personnes susceptibles d’être intéressées et/ou interpellées par ce type de présence et d’insertion.

La vocation de ce lieu est double :

– d’une part offrir un lieu propice au silence, à la contemplation et à une retraite spirituelle pour toute personne désireuse de vivre un temps de ressourcement spirituel dans un cadre “porteur” qu’offre le désert saharien.

– d’autre part accueillir les nombreux visiteurs algériens et étrangers qui viennent découvrir ce haut lieu touristique et spirituel.

Toute personne susceptible de manifester un intérêt pour ce projet serait invité à une prise de contact et une 1ère visite des lieux pour appréhender cette réalité particulière.

Petits Frères de l’Evangile

Nous allons tous bien. Depuis septembre Sandro Cappè, notre deuxième assistant, qui a vécu les deux premières années de son mandat en Tanzanie, est maintenant avec nous à Bruxelles.

Nous avons deux nouvelles heureuses à partager :

Le 14 juillet notre frère Gabriel Marolleau va faire les vœux définitifs à Lille.

Le 17 juillet notre frère Bruno Rugara sera ordonné diacre dans notre chapelle dans notre maison à Bruxelles.

Bien sûr nous nous rejouions de ces deux événements et nous en rendons grâce !

TSCG (Missionnaires de Jésus Serviteur

Chaque année, au début du Mai, à l’occasion de la Fête de notre Saint Patron (St Joseph – Ouvrier 1er Mai), il y a une Réunion de tous les membres de l’Institut et aussi les représentants des groupes patronages des paroisses pour partager les activités spirituelles et charitables sociales de chaque groupe. Cette année 172 personnes ont participées.

En mois de mai 5 frères ont renouvelé leurs vœux et il y avait une retraite pour les sœurs. Plusieurs retraites vont suivre les prochains mois d’été ainsi que des cours de formation. En septembre 2 frères et 3 sœurs vont participer à la réunion des Instituts Séculiers en Asie, qui aura lieu à Saigon.

PDF: Nouvelles de la Famille Spiriuelle Charles de Foucauld

Charles de FOUCAULD et ses disciples à Madagascar. André GACHET

Au cours du premier semestre 2017, la famille Charles de Foucauld de Madagascar a été rudement touchée par la mort de deux prêtres responsables : José et Félix, atteints par un mal pernicieux et analogue.

D’abord le P. José Doutriaux qui avait fêté ses 80 ans le 18 juin 2016 (le mois précédent, j’avais passé avec lui 2 jours à Lille), emporté le 26 février par un cancer du pancréas et de la rate, puis du foie ; il fut enseveli le 3 mars dans le caveau familial du département du Nord.

L’abbé José – prêtre diocésain de Lille (au nord de la France, à la frontière avec la Belgique) – a vécu plus de 40 ans au service de l’archidiocèse de Toliara/Tuléar, en tant que missionnaire Fidei Donum. C’est lui qui avait introduit la spiritualité foucauldienne à Madagascar et fondé l’association des prêtres Jesus-Caritas, notamment dans le sud de la Grande Île. Depuis son retour au pays natal, je le soutenais par téléphone tous les quinze jours environ, d’abord à la maison diocésaine Notre-Dame de la Treille à Lille (où Félix avait été lui rendre visite en octobre 2015), puis chez les Petites Sœurs des Pauvres à La Madeleine, résidence dans laquelle José recevait une assistance médicale appropriée.

L’abbé Félix de Vallois Rajaonarivelo, ordonné prêtre pour le diocèse de Mahajanga en août 1980, avait fêté ses 65 ans à la Toussaint 2016. Grâce à son exceptionnel charisme de communicateur et sa débordante chaleur humaine, il avait mis en place de nombreuses Fraternités séculières dans le centre et le nord du pays.

Félix et moi avions développé une complicité de près de 30 ans quand – l’un et l’autre étudiants à l’Institut Catholique de Paris – il fonda « l’Association des prêtres, religieux et religieuses de Madagascar en étude en Europe » dont le but était « se connaître, tisser des liens fraternels en Europe où la communication et les transports sont aisés, afin de tenter, au retour à Mada, une pastorale interdiocésaine basée sur le fihavanana ». Dynamique président, P. Félix organisa, durant les étés, trois sessions pastorales en France, du côté de la Savoie : 1988 à Annecy, 1989 à Trésun, 1990 à Grenoble. En tant que membre du Centre Lebret « Foi et Développement », je fus délégué à ces journées d’étude pour apporter chaque fois une contribution, sous l’angle de l’enseignement social de l’Église.

C’est donc à partir de l’été 1988 que naquit cette amitié solide qui conduisit Félix plusieurs fois dans ma famille à Genève ; et moi-même, en septembre 2014, à Mampikony, son village natal où se trouvent et la maison familiale et le cimetière accueillant les tombes de ses parents. De la même manière, j’hébergeais Félix chez moi à chacun de ses séjours à Fribourg. Le dernier, en octobre 2015.

Tous les 2 ou 3 ans, les branches foucauldiennes de l’Île Rouge (regroupant les Petites Sœurs de l’Évangile, les Fraternités séculières et les prêtres Jesus-Caritas) se réunissent pour vivre ensemble des journées nationales, sous la forme d’une retraite spirituelle ou d’une session de formation. Aussi Félix m’invita-t-il à animer, du 1 au 7 septembre 2014, à Ambovory, un cours de sociologie religieuse et d’éthique sociale sur le thème de la fraternité, que j’intitulai : « De Charles de Jésus au Frère universel ». Cette session se tint en même temps que la rencontre annuelle de l’Équipe internationale des prêtres Jesus-Caritas, au sein de laquelle Félix représentait le continent africain !

En février 2017, à mon retour d’Afrique centrale – alors que José vivait ses tout derniers jours sur cette terre – un courriel de Fr. Félix m’annonça une maladie terrifiante : un cancer hépatocellulaire. Je fus atterré. En vain, j’entrepris des démarches pour le faire soigner à Paris, mais – malgré des plaidoyers appuyés – je ne pus décrocher, auprès de congrégations religieuses missionnaires ad extra, la couverture financière indispensable pour couvrir un traitement ad hoc en Europe …

La solution indienne alors s’imposa. À Bangalore (mégapole au sud de l’Inde) où Félix fut hospitalisé du 10 avril au 13 mai. Là-bas, en Asie, les oncologues pratiquèrent une chimio-embolisation, en lui administrant un médicament importé de Singapour (Malaisie). Grâce à l’appareil téléphonique de Jean de Matha Jaotody, son unique jeune frère qui, d’ailleurs, l’accompagnait, je pus converser chaque semaine avec Félix ; et encore une ultime fois, lors de son escale à l’Île Maurice, sur la route du retour à Tana.

Et aussi sur le chemin de la Rencontre transcendantale qui aura lieu 3 semaines plus tard, les 3 et 5 juin, à Mahajanga, en la fête de la Pentecôte.

Après avoir luttés en même temps contre le même mal effrayant et inexorable, les Pères José et Félix, prêts à tout, acceptant tout, ne désirant rien d’autre que la volonté de Dieu se fasse en eux, s’abandonnèrent à Lui.

Avec foi, lucidité et espérance, à la suite de Jésus, ces deux disciples du Christ – et amis si chers – se remirent sans mesure, avec une infinie confiance en ce Dieu qui est leur Père … et aussi le nôtre !

André Gachet

Fribourg / Suisse, juin 2017

PDF: Charles de FOUCAULD et ses disciples à Madagascar. André GACHET