Questionnaire Vie et Mission première Assemblée Panaméricaine

LA VIE ET MISSION DE NOS FRATERNITÉS SACERDOTALES EN AMERIQUE

RAPPORT DE CHAQUE PAYS

PAYS :

NOMBRE DE PRETRES APPARTENANT A NOTRE FRATERNITÉ :

MOINS DE 40 ANS : PLUS DE 40 ANS :

NOMBRE DE FRATERNITÉS LOCALES DANS CHAQUE REGION :

SPIRITUALITÉ

Notre Fraternité Sacerdotale IESUS CARITAS possède certains moyens qui nous sont propre pour développer notre Vie dans l´Esprit, suivant les pas de notre Frère Charles. J´énumèrerai les plus importants et vous prierai de les qualifier utilisant les concepts suivants : suffisamment développé – régulièrement développé – peu développé – pratiquement pas développé :

Adoration eucharistique quotidienne :

Jour de désert :

Rencontre mensuel de la Fraternité :

Révision de vie :

Prière d´abandon :

Retraite spirituelle annuelle :

Mois de Nazareth :

Vie et Mission du Frère Charles :

FRATERNITÉ

Notre Fraternité Sacerdotale a pour structure fondamentale « la petite communauté de prêtres » (5 ou 6 frères) qui se réunit une fois par mois et qui tente de vivre la vie fraternelle non seulement lors de rencontres mais également de diverses autres manières tout au long du mois et également avec toutes les autres fraternités locales de la région ou du pays.

2.1. Quelles sont les tentatives faites dans ton pays pour renforcer les liens fraternels à l´intérieur de chaque Fraternité locale et avec les autres Fraternités de la Région et/ou du pays ?

2.2. La communication entre les fraternités locales est-elle fluide ? Quels sont les moyens employés?

2.3. Les Fraternités entre elles s´accompagnent-elles afin de demeurer fidèles aux moyens qui favorisent la croissance spirituelle ?

2.4. Quelles sont les structures de coordination que possèdent les Fraternités locales au niveau de la Région et/ou du pays ?

2.5. Quelles sont les instances de rencontre que vivent les Fraternités locales au niveau de la Région et/ou pays ?

2.6. Quel rôle jouent le Responsable National et les Responsables Régionaux ?

MISSION PASTORALE

En tant que prêtres diocésains, inspirés selon le charisme de notre Frère Carlos, nous savons que nous avons pour mission la évangélisation des plus abandonnés et éloignés de la foi chrétienne, évangélisation qui s´exprime principalement à travers notre style de vie et notre témoignage. Ou comme le disait le Bienheureux Charles : « Apostolat de la bonté », « crier l´évangile par sa propre vie ».

3.1. Dans mon pays, de quelle manière est-on en train de travailler le thème de « notre style de vie sacerdotale » ? A quelles conclusions en sommes-nous arrivés ?

3.2. De quelle manière est-on en train de travailler le thème de « notre mode de pratique pastorale » ? A quelles conclusions en sommes-nous arrivés ?

3.3. Selon les orientations du Pape François, a quelles « périphéries géographiques et existentielles » sommes-nous parvenus dans notre mission évangélisatrice ?

3.4. Pouvons-nous dire que les Fraternités de notre pays ont choisi « l´option préférentiel pour les pauvres », pour ses luttes, comprenant qu´il existe diverses formes de pauvretés ? Quels sont les signes concrets de cette option ?

3.5. Avons-nous un type de dialogue œcuménique ou interreligieux dans nos pays?

LIENS DANS NOTRE FRATERNITÉ SACERDOTALE IESUS CARITAS

4.1. Nous savons que le charisme de notre Frère Charles est partagé par les laïcs et les religieux/ses, ensemble qui a pour nom la « Famille Charles de Foucauld ». Dans notre pays, existe-t-il des liens avec cette famille ? Lesquels ? Comment fonctionnent-ils ? Qu´en ressort-il de positif ? Réussites ?

4.2. Nous avons également conscience que nous appartenons à une Fraternité Sacerdotale déployée dans divers pays. Quels sont les liens que nous avons avec les autres pays ? Avec l´Equipe Internationale ?

4.3. En tant que prêtres diocésains nous appartenons à un presbyterium. Y sommes-nous présents? Quelle est notre participation? Notre apport? Mentionner quelques faits significatifs.

4.4. En tant que Fraternité Sacerdotale, reconnue par le Saint-Siège, nous avons une présence institutionnelle dans chacun des pays dans lesquels nous sommes présents. Avons-nous quelques liens avec la Conférence Episcopale ? De quel type ?

CROISSANCE AU SEIN DE NOTRE FRATERNITÉ

Nous sommes convaincus que le charisme de notre Frère Charles a fait beaucoup de bien à l´Eglise y pourra continuer à le faire si tous les membres de la « famille Foucauld » demeurent fidèles á ce charisme. Pour cette raison, non seulement nous sommes intéressés par la croissance spirituelle de notre Fraternité mais également par sa croissance numérique.

5.1. De quelle manière notre Fraternité Sacerdotale s´est-elle fait connaitre aux autres prêtres des diocèses dans lesquels nous sommes ?

5.2. Quelle perception ont-ils de notre Fraternité, spécialement les prêtres les plus jeunes ?

5.3. Avons-nous essayé par le moyen d´une présentation, action de nous faire connaitre aux séminaristes et à leurs formateurs ? Quel résultat?

5.4. Comment avons-nous accompagné les prêtres ou séminaristes ayant montré un certain intérêt à mieux nous connaitre et éventuellement à s´intégrer à notre Fraternité ?

5.5. La Fraternité a-t-elle une certaine politique définie concernant les prêtres désirant et ayant pris la décision de s´intégrer à elle ? Pour accompagner une éventuelle et nouvelle Fraternité locale ?

Chers Frères,

Je vous exhorte à envoyer vos rapports d´ici le 15 Octobre en trois langues (anglais, français et espagnol)- et ainsi obtenir la vision la plus objective possible de ce qui se passe dans les Fraternités de nos pays. Ainsi je peux les transmettre aux participants pour étude.

Je vous prie de venir à l’Assemblée elle-même avec une exposé sous forme de Powerpoint (PPT), des aspects qui semblent les plus significatifs dans la vie et la mission de leur fraternités. Chaque représentant disposera de 20 minutes maximum pour exposer.

Merci beaucoup,

P. Fernando Tapia

Coordinateur de l´Assemblée.

DOC: FRANÇAIS Questionnaire Vie et Mission première Assemblée Panaméricaine

Lettre d’Aurelio aux Fraternités de Québec-Acadie, Octobre 2015

Octobre 205

Chers frères et sœurs,

quebec-oct-2015-01Merci pour l’accueil que vous m’avez réservé en tout lieu et à tout moment, que ce soit à Montréal ou à Québec. Je me suis retrouvé dans une vivante fraternité de frères qui s’aiment et s’appuient, avec l’âge qu’ils ont, mais dans un esprit de Nazareth réaliste et engagé. Merci beaucoup! Donald CLICHE a fait de moi un frère aîné et pris soin de moi « comme s’il s’agissait du nonce »; sa maison de Cap-Rouge, à Québec, entourée d’écureuils, m’a permis de contempler et de goûter à la nature, de même que la promenade du dernier jour par les sentiers remplis d’érables multicolores en automne.

quebec-oct-2015-02Ce fut un cadeau du Seigneur de rencontrer Guy BOUILLÉ le dimanche midi, alité aux soins intensifs de l’hôpital qui le soignait à Montréal, de le bénir et de le laisser me bénir dans son silence, en compagnie de Laurent RAVENDA et Jean-Pierre LANGLOIS. Quelques heures plus tard, il se rendait déjà à la maison du Père, vivant la fraternité avec tant de frères qui nous ont laissés; je crois que son salut chaleureux le plus mémorable, il l’aura reçu de Jacques LECLERC, son grand ami et compagnon de fraternité.

J’ai goûté aux réalités humaines, aux espoirs et aux rencontres quebec-oct-2015-03avec chaque membre de la fraternité séculière composée majoritairement d’agents de pastorale, grâce à Ciro PICIRILLO, responsable de cette fraternité, à COPAM à Montréal, partageant le moment présent de chaque personne, de chaque histoire, touchée par la main de Dieu qui nous conduit quelquefois là où nous ne voudrions pas aller, mais qui prend soin de chacun de nous.

quebec-oct-2015-04J’ai eu aussi une bonne rencontre avec la fraternité des jeunes chrétiens qu’anime Ciro, avec son esprit d’accompagnateur et d’animateur, un groupe formé majoritairement de jeunes immigrants, ouverts à l’appel de Jésus dans leur vie en construction, avec la joie et la confiance dans l’avenir que demande ce monde nouveau.

Le repas du soir et la prière communautaire, reliée à l’Évangile du dimanche, m’a rappelé Jésus qui réunissait ses disciples les instruisant pour construire le Royaume, de manière profonde malgré les éléments superficiels auxquels nous invite le premier monde riche et systématiquement commode.

Un autre cadeau inespéré mais qui m’a rempli de joie et d’émotion fut ma rencontre avec Sœur Gilberte BUSSIÈRES, des dames de la Congrégation Notre-Dame de Montréal, qui fut séquestrée par Boko Haram l’an dernier quebec-oct-2015-05dans le nord du Cameroun, avec Gianantonio ALLEGRI, de notre fraternité italienne, y Giampaolo MARTA, tous deux missionnaires venant du diocèse de Vicenza. Yvonne DEMERS, agente de pastorale, m’a amené à la Maison de prière Notre-Dame à Longueuil. Ce fut émouvant pour moi d’embrasser cette femme de l’Évangile, d’écouter son témoignage de l’amour de Dieu vécu durant ces 51 jours de captivité avec Gianantonio et Gianpaolo, et de découvrir de nouveau une vision de Frère Charles réel, et non pas idéalisé, devant rien, ni même nos chandelles allumées dans le temple ni les images religieuses que nous révérons.

Avoir pu passer un peu de temps avec Guy et sœur Gilberte ont été les moments les plus impressionnants de mon séjour parmi les fraternités de Québec – Acadie. J’en rends grâce au Seigneur dupuis la pauvreté de mon cœur.

quebec-oct-2015-06La rencontre régionale des Fraternités, le 4 et 5 octobre dans la ville de Québec, avec les frères et des laïques, agentes de pastorale associées à la Fraternité, a été l’occasion de rencontrer des frères et sœurs avec un esprit de service admirable, avec des témoignages et une joie de vivre qui m’a fortifié dans l’espérance d’une Église telle que souhaitée par le pape François. Le trio responsable sortant composé de Donald CLICHE, le responsable régional, de Benoît HINS et Richard WALLOT, transmirent le mandat à Gilles BARIL, le nouveau responsable qui formera équipe avec Jean-Claude DEMERS, grand spécialiste en communications, avec une agente de pastorale et deux autres membres qu’il choisira parmi les frères des différentes régions.

Merci à vous tous pour votre dévouement à la Fraternité. Le trio sortant a présenté un bon rapport – bilan de sa gestion et de la vie des fraternités. Flottait dans l’air un esprit de fraternité. En tant qu’êtres humains et hommes de Dieu, c’est une véritable richesse pour nos Églises locales. Les échanges, l’adoration, l’eucharistie, les moments de partage fraternel ont été un authentique rencontre de foi.

quebec-oct-2015-07Comme décisions et propositions immédiates, je veux souligner la préparation du Mois de Nazareth en janvier prochain et la participation à la grande assemblée panaméricaine qui aura lieu à Cuernavaca, Mexique en février. Gilles et Donald seront les représentants de la région Québec-Acadie.

Dans la ville de Québec, accompagné par Donald, nous avons rencontré René TESSIER, un membre de la fraternité qui est responsable des communications pastorales du diocèse, Gaétan PROULX, évêque auxiliaire, ainsi que Marc PELCHAT, vicaire général du diocèse et membre de notre fraternité qui nous invitèrent pour le repas du midi.

quebec-oct-2015-08Ce fut également une grande joie de nous réunir au Grand Séminaire avec la fraternité composée de Pierre GAUDETTE, Jacques GOURDE, Roger LABBÉ et Marc BOUCHARD, des frères avec une expérience importante dans leur service ecclésial parmi les gens les plus simples et les fraternités. Merci à vous pour votre beau témoignage.

Pour tout cela, pour ce que nous avons vécu et partagé ensemble, pour les appels à partir du charisme du frère Charles de Foucauld avec son message de fraternité universelle si pertinent dans notre église actuelle, si apprécié par le pape François, merci mes frères et merci au Seigneur de m’avoir permis d’en être témoin durant ces quelques jours de votre vie de fraternité.

quebec-oct-2015-09Je remercie également Laurent pour l’espace d’adoration qu’il m’offrit et durant lequel j’ai compris que la spiritualité va bien au-delà de l’acte de prier, d’adorer, de contempler ou de participer avec d’autres personnes dans des célébrations. La spiritualité, c’est le bon esprit d’amour, de joie, de solidarité et de respect, c’est être à l’écoute quand nous faisons n’importe quoi : travailler, être en relation avec les autres, voyager, écouter, préparer une activité, etc. Voilà pour quoi est si importante la journée mensuelle au désert. Dieu se met à notre recherche au désert pour nous donner ce bon esprit. Ce bon esprit est celui que frère Charles mettait quand il priait, écrivait, rêvait, ou tout simplement lorsqu’il se sentait si proche de ses voisins : l’esprit de Nazareth.

quebec-oct-2015-10Un gran abrazo.

Aurelio SANZ BAEZA, frère responsable

Perín, Carthagène, Murcie, Espagne, 12 octobre 2015

quebec-oct-2015-11

PDF: Lettre d’Aurelio aux Fraternités de Québec-Acadie, Octobre 2015

CAMEROUN, Grégoire CADOR, Homélie du 15 août 2015

Nous sommes montés ce matin ! En ce jour de l’Assomption qui signifie littéralement “montée en Dieu”, nous sommes montés à la suite de Marie qui monte, non plus chez sa cousine Elisabeth. Arrivée au terme de sa vie terrestre, Marie “monte dans la gloire de Dieu”… Sa vie est “assumée” par Dieu…

Nous sommes montés aussi, à la suite de Baba Simon qui, au cours des 16 années dernières années de sa vie qu’il a passées chez nous, montait chaque mois en ce lieu pour vivre sa “journée de désert” selon les règles de la fraternité Jésus-Caritas à laquelle il appartenait et dont il était le fondateur au Cameroun et en Afrique…

Permettez-moi de saluer ici nos frères prêtres venus des diocèses de Goré, Moundou, Laï et Sarh au Tchad, du diocèse d’Edéa au Cameroun et du diocèse de Maroua pour célébrer avec nous les 40 ans du passage en Dieu de Baba Simon…

Nous sommes montés aussi avec le P. Christian, notre actuel pasteur pour, avec lui, dire merci à Dieu pour sa présence fidèle à nos côtés depuis 40 ans…

40 ans dans la Bible c’est le temps de la maturation, du cheminement pour la conversion (ce que nos frères musulmans appellent le ‘grand djihad’)… C’est le temps de la constitution et de la reconstruction d’un peuple qui, d’esclave qu’il était, devient peuple libre, près à entrer en Terre Promise…

Nous sommes montés ensemble pour contempler l’œuvre entreprise et faire le point en vue des prochaines années…

Si nous avions la possibilité de remonter le temps… nous verrions ce qui se passait dans le cœur des habitants de Kudumbar il y a exactement quarante ans aujourd’hui… ! La nouvelle venait de tomber : Baba Amta !…

Panique générale… Baba n’est plus là, Tokombéré est mort ! Deuil, consternation… On avait enterré Baba Simon à des centaines de kilomètres de ce qui était devenu le “chez lui” et qui est le “chez nous” ! Personne n’avait eu le temps de faire le déplacement, pas même Mgr de Bernon bloqué dans la brousse de Mokolo par la saison des pluies et une panne de voiture… Jean-Marc non plus n’était pas là pour nous aider à faire le deuil… Au-delà de l’absence d’un cadavre à enterrer qui est une épreuve insupportable dans les traditions d’ici…, nous ne reverrions jamais Baba… Lui qui s’était battu de toutes ses forces pour nous rendre notre dignité bafouée et nous permettre d’entrer dans la modernité la tête haute, ne reviendrait jamais… Nous étions perdus !

Réaction bien compréhensible… mais qui dénote un manque de foi ou plutôt une foi mal placée… Ce n’est pas en lui que Baba Simon nous invitait à mettre notre foi mais bien en Jésus-Christ qui nous conduit au Père…

Quelques mois plus tard, en novembre 1975, le P. Christian venait déposer définitivement ses valises à Tokombéré, rejoignant Jean-Marc Ela, les sœurs Servantes de Marie de Douala et les Demoiselles de la société de Jésus-Christ de Lyon, qui tenaient l’hôpital. Il venait, à son tour, apporter une pierre à l’œuvre entreprise…

40 ans après, il est encore là ! Nombreux sont les témoins de cette longue histoire d’amour qui sont encore parmi nous et pourraient la raconter. Il faudra le faire un jour…

Mais là non plus, ne nous trompons pas de Foi… Comme cela a été l’erreur de certains de mettre leur Foi en Baba Simon et donc de se décourager quand il est mort, il serait stupide de mettre notre Foi en Christian au risque de se décourager quand il s’en ira à son tour…

Charles de Foucauld qui fut le maître spirituel de Baba Simon ne disait-il pas, très justement : “Regardons les saints, mais ne nous attardons pas dans leur contemplation, contemplons avec eux Celui dont la contemplation a rempli leur vie. Profitons de leurs exemples, mais sans nous y arrêter longtemps ni prendre pour modèle complet tel ou tel saint, et en prenant dans chacun ce qui nous semble plus conforme aux paroles et aux exemples de notre Seigneur Jésus, notre seul et véritable modèle, en nous servant ainsi de leurs leçons, non pour les imiter eux, mais pour mieux imiter Jésus.”1

Aujourd’hui, disions-nous en commençant, Marie entre “dans la gloire de Dieu”… Cette entrée dans la gloire est le fruit – au sens de l’aboutissement normal – de sa démarche de foi et d’humilité… “Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.” Marie ne se glorifie pas elle-même, C’est Dieu qui la glorifie. En effet la Gloire appartient à Dieu seul et il la partage à qui il veut… Si Marie est accueillie, assumée, aujourd’hui dans la Gloire de Dieu c’est justement parce qu’elle a su reconnaître qu’elle n’était rien, permettant ainsi à Dieu de faire en elle de grandes choses : “Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !” Dépouillée d’elle-même et de toute suffisance, il n’y a, en elle, aucun obstacle à l’action de Dieu. Elle devient chemin de l’incarnation et canal de la grâce… Sa disponibilité sans réserve permet à Jésus de prendre toute sa place en elle… L’ayant reçu gratuitement elle pourra à son tour nous le donner gratuitement…

Marie est modèle de sainteté… pour chacun et chacune d’entre nous, aujourd’hui…

A nous aussi il est proposé de recevoir le Christ et de le donner au monde… Sommes-nous prêts à l’accueillir sans aucune réserve, à la manière de Marie ?

Ce Jésus que Marie nous donne, l’Apocalypse nous le présentait tout à l’heure comme “celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer.” Dans la deuxième lecture St Paul précisait :”Celui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. “

Le Règne du Christ nous le savons n’est pas de ce monde. “Si ma royauté était de ce monde, dit Jésus à Pilate, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré. “

La Royauté de Jésus, le Règne de Jésus c’est celui de l’amour et du don de soi. Son programme est simple : donner sa vie pour que le monde ait la Vie ! Et si les deux premières lectures nous parlaient de combat il ne s’agit pas d’un combat militaire au sens de celui que mènent si vaillamment nos soldats pour défendre nos frontières face à la barbarie.

Il s’agit du combat spirituel contre les forces du mal et de la division…

Ce combat s’enracine dans la fraternité universelle vécue au quotidien et ne se remporte que par le don de soi pour que l’autre ait la vie…

Nous avons la chance, dans ce domaine, de pouvoir faire mémoire de la vie exemplaire de Baba Simon qui “avec patience et sans compter” a donné toute sa vie pour nous montrer le chemin de la Vie…

Nous avons la chance d’avoir encore au milieu de nous l’exemple du P. Christian qui depuis quarante ans, contre vents et marées, est resté fidèle au poste et au don qu’il a fait de sa vie pour la promotion des populations de Tokombéré.

L’intérêt d’avoir un exemple vivant au milieu de nous c’est de comprendre qu’être saint n’empêche pas d’avoir aussi des limites et des défauts comme tout le monde…

Au lieu de nous décourager cela doit, bien au contraire, nous inciter à nous engager à notre tour, en toute humilité, conscients de nos limites, sur ce chemin de fidélité et de confiance en Dieu…

Vous connaissez tous le proverbe chinois : “le doigt montre la lune et l’imbécile regarde le doigt !” …

Arrêtons de faire les imbéciles et de nous arrêter sur les défauts que nous aurons repérés chez Baba Simon, chez Christian ou chez tant d’autres qui se sont donnés pour nous indiquer le chemin du Salut et prenons-le ce chemin qui monte vers la gloire des enfants de Dieu que nous sommes.

Je voudrais terminer par cette affirmation de Baba Simon prononcée au soir de sa vie, dans une interview accordée à notre grand frère Jean-Baptiste en mai 1975 juste avant de quitter Tokombéré pour la dernière fois… Il disait : “Si le Christianisme continue à agir sur le Nord‑Cameroun, il y aura une solution, c’est à dire il y aura une vie sociale normale où tout le monde, musulmans, chrétiens, païens, vivra comme des frères, la main dans la main.” Voilà notre feuille de route !

Qu’attendons-nous, chrétiens de 2015, pour nous mettre à l’œuvre et faire fructifier un si bel héritage ?

Merci Baba Simon, merci P. Christian, de nous avoir ouvert les Portes de l’Avenir… et de nous indiquer le chemin de la Vie !

Comme Marie vous aussi vous avez “cru aux paroles qui vous furent dites de la part du Seigneur” et, comme Marie, vous vous êtes “mis en route vers les montagnes” non plus de Judée cette fois-ci, mais les montagnes du Nord-Cameroun pour y faire retentir la Bonne Nouvelle au cœur des traditions locales…

Puisse Dieu un jour vous accueillir avec Marie et vous faire entrer comme elle dans sa gloire…

CAMEROUN, Grégoire CADOR, Lettre aux amis – 10 octobre 2015

Aux amis du diocèse de Maroua-Mokolo et de Tokombéré

Chers amis,

Les trois mois ‘quasi rituels’ sont déjà presque passés… Je reprends le clavier !

Je commence par les bonnes nouvelles et tout particulièrement par le grand évènement que nous venons de vivre lors des « journées diocésaines » (trois jours que nous passons chaque année à pareille époque avec 200 ou 300 responsables venus de toutes paroisses pour la ‘’rentrée’’ des activités pastorales).

Il s’agit de la remise au P. Christian, par notre évêque et au nom du Pape, de la médaille « Pro Ecclesia et Pontifice » pour l’énorme travail abattu pour le service de l’Eglise au cours de ses 40 ans de présence missionnaire à Tokombéré.

Grande émotion de Christian bien sûr mais aussi de nous tous devant cette surprise, préparée très discrètement par l’évêque, et joie de la reconnaissance par le diocèse du travail de témoin de l’Evangile. Le nouveau thème pastoral pour l’année est « Vous êtes mes témoins » (cf. Ac 1, 8) il vient à la suite de celui de l’an passé « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20). L’évêque a voulu mettre en valeur le témoignage concret de Christian pour inciter chacun à s’engager concrètement à la suite du Christ. A cette occasion « Vie de l’Eglise » (le journal diocésain) a édité un très beau magazine spécial sur Christian et le Projet de Promotion humaine de Tokombéré.

La fête va continuer à St Germain des Prés lors du rassemblement des 13-14-15 novembre prochains à St Germain des Prés : « De la rencontre à la fraternité, pour un nouvel élan ». Si vous ne pouvez pas y être merci de vous y associer par la prière et l’action de grâce.

La vie continue à Tokombéré en ce temps où s’ouvrent les récoltes. Elles se présentent assez bien. Cela représente un énorme travail parce que tout a poussé en même temps ! Le dilemme est de savoir par où commencer… Un gros problème demeure cependant, dans de nombreux villages : celui du non-paiement de la production par la Sodecoton (société qui gère la production cotonnière de tout le pays). Beaucoup comptait sur cet argent pour payer les écolages et autres besoins si importants en cette période de rentrée… Là comme partout : Wait and see ! (Ici on dit facilement ‘Se Mounial’ ce qui peut se traduire par ‘patience’. Mon Dieu qu’il en faut parfois pour ne pas se décourager !)

Malgré cela les écoles ont repris un peu partout (sauf à l’extrême frontière ou la situation est encore bien difficile) mais le spectre kamikaze hante tout le monde… De nombreuses mesures ont été prises (plus ou moins bien appliquées selon les endroits et les moyens) : clôture, uniforme obligatoire, contrôle à l’entrée, interdiction des cartables ou autres sacs fermés… Cela ne résout pas tout… et quand on sait que dans le seul arrondissement de Tokombéré, au-delà de notre collège et de nos quatre écoles primaires, il y a plus de cinquante écoles publiques et une dizaine d’établissements secondaires, on mesure l’ampleur de la tâche. Les effectifs (augmentation par-ci, diminution par-là) sont à peu près stables dans nos établissements et le personnel bien présent. Le nouveau directeur de l’école St Joseph qui est en même temps conseiller pédagogique pour tout le département du Mayo-Sava prend peu à peu ses marques.

La maison du paysan a abattu un très bon travail concernant l’eau et les questions d’érosion et de réserves. De nombreux biefs ont été construits ou réhabilités. Il s’agit de micro-barrages installés en montagne sur le cours d’un mayo (cours d’eau de saison des pluies). L’objectif est de ralentir le courant, limitant ainsi l’érosion et donnant le temps à l’eau de rejoindre plus abondamment la nappe phréatique ce qui a pour effet de renforcer les puits environnants… Grand merci à l’association Mil et Blé pour l’appui très important qu’elle apporte à ce volet.

La pluie continue malgré tout à faire des dégâts sur les routes et la circulation en voiture reste très compliquée et source de nombreuses dépenses d’entretien pour les véhicules (que dire du dos des conducteurs et passagers qui en prend un coup à chaque voyage !)

Pour des raisons internes qui n’ont pas besoins d’être évoquées ici, l’atelier de couture n’ouvrira pas ses portes cette année, mais la Promotion féminine continue avec la mise en route des groupes dans les principaux secteurs de la paroisse. Une assemblée générale des femmes aura lieu à la fin du mois d’octobre.

L’atelier de menuiserie fonctionne (quand les nombreuses coupures d’électricité le permettent). Les menuisiers ont appris avec émotion, (grâce à l’attention très délicate de Pierre et Emilie Martin, fondateurs et premiers formateurs du groupe des menuisiers), le décès de M. Fouquet, menuisier sarthois, qui au moment de prendre sa retraite avait donné ses machines et son outillage pour le projet d’atelier de Tokombéré. Nous voulons lui rendre hommage ici et faire savoir à sa famille notre reconnaissance. La fraternité n’a pas toujours besoin de la rencontre pour s’exprimer, vous l’aviez bien compris et l’Evangile de ce dimanche nous le rappelait : Notre vie ne pèse, aux yeux de Dieu, que de l’amour qui la fait vivre… Merci à vous M. Fouquet et, comme on le dit au Cameroun, « Que la terre de vos ancêtres vous soit légère ».

Nous avons vécu, avec le Projet-Jeunes et le P. Justin, un très beau moment à l’occasion des journées de clôture des activités des « Portes de l’Avenir », dont je vous parlais dans le dernier courrier. Ce sont plus de 400 jeunes qui ont passé trois jours ensemble dans le cadre de la paroisse pour des temps de réflexion, d’activités culturelles, sportives, ludiques et pour la prière qui a culminé avec la célébration du 15 août ou les 40 communautés de la paroisse se sont retrouvées sur la colline Baba Simon pour célébrer Dieu en l’honneur de Marie, de Baba Simon (dont c’était le quarantième anniversaire de l’entrée dans la Vie) et de Christian (dont nous fêtions, en paroisse cette fois-ci, le quarantième anniversaire de présence missionnaire à Tokombéré). Pour ceux que cela pourrait intéresser, je mets en pièce jointe l’homélie que j’ai prononcée ce jour.

Avec les catéchistes, nous avons pris le temps de bien réfléchir sur la ‘vérité’ et la ‘qualité’ de notre engagement en ces temps difficiles où les communautés sont en droit d’attendre une parole vraie et claire pour ne pas perdre le Nord… Nous avions l’habitude, chaque année, de faire l’envoi en mission à la Pentecôte. Cette année nous avons préféré attendre la fin du mois de septembre pour vivre ce temps très important de la vie paroissiale. Je me permets de recommander à votre prière chacun de nos 40 catéchistes ainsi que leurs familles (souvent fort nombreuses !).

Avec eux et avec l’Equipe d’Animation Pastorale nous avons préparé les « week-ends de rentrée » qui auront lieu dimanche prochain simultanément dans les 6 secteurs de la paroisse. Dans le cadre de notre thème diocésain, nous réfléchirons avec l’ensemble de la communauté chrétienne sur l’absolue nécessité de se laisser rencontrer et connaître par le Christ pour pouvoir devenir réellement ses témoins dans notre vie de tous les jours. En partant de témoins de cette rencontre (de Marie de Nazareth au possédé Gérasénien en passant par Paul de Tarse, la Samaritaine, le Centurion au pied de la Croix et bien d’autres) nous cheminerons au cours du trimestre pour arriver à chacun et chacune d’entre nous : « Et moi, comment et où ai-je rencontré Jésus ? Qu’est-ce que la rencontre et le chemin que je fais avec lui provoque en moi ? Comment est-ce que je témoigne de Jésus ? »

Au niveau de la zone pastorale du Mayo-Sava j’ai été pas mal occupé ces derniers temps par la passation de service dans quatre paroisses qui changeaient de curé. C’est intéressant parce qu’il s’agit, avec les personnes en responsabilité dans la communauté chrétienne, prêtres ou laïcs, de faire le point sur la vie de la communauté, ses capacités, son dynamisme, mais aussi ses limites, ses zones d’ombre. On s’aperçoit que, si beaucoup ont vraiment compris ce que voulait dire prendre des responsabilités en Eglise, certains ont besoin de revoir leur manière d’être ou de faire pour vivre une véritable coresponsabilité… Nous sommes là devant un problème universel !

Nous avons aussi vécu la journée de rentrée de la zone avec une quarantaine de responsables venus des 10 paroisses qui la compose. Ensemble nous avons partagé les nouvelles et mis sur pied le programme de notre centre de formation de la zone. Nous avons aussi pris acte, bien douloureusement, des nombreux départs de religieuses rappelées par leur congrégation (des 21 religieuses présentes il y a deux ans il en reste 5 !)

C’est pour moi une question terrible… Si je comprenais (un peu) une telle réaction à chaud, le temps de prendre du recul et de se ressaisir, je suis en revanche scandalisé (tenté de tomber) devant le refus de revenir à cause des risques… Nous sommes en train de poser des gestes contreproductifs qui engagent l’avenir de façon dramatique… Si nous pasteurs et responsables pastoraux ne sommes pas fidèles à l’appel : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (fusse au risque du sang) alors nous laissons la place aux barbares qui n’attendent que ça pour s’installer en ‘libérateurs’… Si nos supérieurs nous ont reconnu(e)s aptes à donner notre vie au moment de notre ordination ou de nos vœux de quel droit reprennent-ils ce droit au moment où l’occasion est venue (peut-être ou peut-être pas) de le faire jusqu’au sang. Si nous, les annonceurs de la Bonne Nouvelle, nous plions alors qu’en sera-t-il de nos jeunes confrères ou sœurs quand le problème s’aggravera ?…

Le monde d’aujourd’hui a plus que jamais besoin de témoins et nous ne devons pas oublier la racine grecque de ce mot.

La mission, bien au-delà de la logique des ONG aussi compétentes qu’elles puissent être c’est : Etre avec, comme Jésus à Emmaüs… Porter le poids du jour et de la chaleur et se mettre au service d’une Parole qui vient de plus haut, qui fait autorité et qui touche les cœurs…

Heureusement, nous avons vécu ces dernières semaines deux engagements de religieuses camerounaises dans des congrégations internationales d’origine françaises. Les supérieures concernées sont venues, certaines depuis la France, pour entourer leurs jeunes sœurs, et nous aurons bientôt la visite d’autres supérieures européennes. Cela redonne de l’espoir.

A chaque fois que je me rends dans les paroisses et communautés proches de la frontière, je suis impressionné par la qualité de don de soi qu’y vivent les chrétiens. Ils ont vraiment besoin de notre soutien (et du vôtre, merci d’avance !) mais ils sont aussi pour moi une source de réconfort et d’inspiration. Deux jours après la rencontre de zone que j’évoquais plus haut, un des responsables qui était avec nous perdait sa petite fille de 8 ans, Fidèle, tuée devant chez lui par un kamikaze à peine plus âgé qu’elle ! Nous sommes là au cœur de l’abomination. Demandons à Dieu de nous donner la haine du péché en nous-mêmes pour pouvoir aimer le pécheur qui nous fait du mal…

Je mets en pièce jointe de ce courrier un article écrit par un journaliste de RFI récemment venu dans la région. Il me semble, malheureusement, donner un bon aperçu de ce que nous vivons dans la région ces derniers temps…

Merci de rester à nos côtés et de vos nombreux, petits ou grands, signes de communion…

Bonne semaine missionnaire à tous !

Nous sommes ensemble…

Grégoire

Comment parler de Dieu aujourd’hui ?

Il n’y a pas de réponse technique ou théorique, mais nous avons, chacun de nous, à être une réponse, une réponse que nous ne comprenons pas, mais que nous sommes, en suivant le Verbe sur son chemin de croix (et de joie). Il ne s’agit plus d’avoir une rhétorique sublime ni de se vanter de n’avoir aucune rhétorique. L’essentiel n’est pas du côté de l’avoir mais de l’être. L’essentiel est d’être, avec le Christ, une parole vivante et livrée à autrui, et donc moins d’avoir une parole sur Dieu que d’être les uns pour les autres une parole de Dieu. Vos adversaires ne pourront y résister. Ce qui leur sera assez insupportable. Ne pouvant vous clouer le bec, ils essaieront de vous clouer tout entier. Et c’est pourquoi, avec un peu de chance, ils vous mettront à mort. Le langage de la Croix aura atteint alors son maximum d’efficace, puisque, malgré eux, vos bourreaux achèveront votre conformation à la Parole crucifiée…

Fabrice Hadjadj,
Comment parler de Dieu aujourd’hui,
Salvator, Paris, 2012, p.214-215

À cause de Jésus et de l’Évangile – PRÊTRES AUJOURD’HUI

20151011_181703Le présent document est le fruit d’une réflexion de prêtres diocésains du Québec et du Nouveau-Brunswick engagés dans des ministères variés et appartenant à la Fraternité sacerdotale Jesus Caritas. Il se propose d’examiner la situation actuelle du prêtre à la lumière de l’Évangile et de la spiritualité de Charles de Foucauld. Comme je l’écrivais au petit comité chargé d’amorcer la réflexion2, «c’est à ce niveau que nous pouvons offrir un apport original à cette question débattue depuis plusieurs années et regardée trop souvent sous l’angle du voir. Il pourrait alors se dégager un AGIR, des pistes d’action ou un renouvellement des attitudes de nature à nous stimuler comme prêtres et à nous faire revenir à l’essentiel, avec comme guides l’Évangile et le frère Charles».

Plus dans le document PDF ci-dessous: Prêtres aujourd’hui Fraternités Région Québec – Acadie

QUÉBEC – ACADIE: Témoignace de Laurent RAVENDA et la Prière d’Abandon

Prière d’Abandon

Témoignage

Laurent RAVENDA

J’ai connu le frère Charles de Foucauld grâce à deux chances que j’ai eu dans ma vie.

Première chance : d’abord comme séminariste, le hasard ou plutôt la providence a fait que je fus attitré à la paroisse Très-Saint-Nom-de-Jésus dans un quartier populaire (Hochelaga-Maisonneuve) de Montréal. Le curé qui venait de prendre charge de la paroisse était Jacques Leclerc, celui qui avec son ami Guy Bouillé, créa la première fraternité de Jésus-Caritas en Amérique du Nord. Ce prêtre exceptionnel fut pour moi un mentor tout au long de mon cheminement au sacerdoce et très vite je voulus me joindre à cette organisation qui pouvait transmettre une telle spiritualité.

Deuxième chance : une fraternité de « Petites Soeurs de Jésus » est venue s’établir dans le fond d’une ruelle de notre paroisse. Le contact avec ces religieuses si différentes de celles que j’avais l’habitude de côtoyer me confirma dans mon désir de mieux connaître le frère Charles de Foucaud.

Un jour, mon curé m’invita à participer à une retraite de Jésus-Caritas. La formule, le prédicateur (un prêtre des fraternités du Brésil), les autres participants, tout avait été une expérience formidable. Je me souviens que dans la voiture au retour, j’ai dit à mon confrère séminariste et ami Jean-Pierre Langlois : « je veux faire partie de ce groupe ». Quelques mois plus tard, notre équipe de jeunes prêtres et séminaristes intégrait les fraternités Jésus-Caritas.

Plus tard, j’ai lu la biographie du frère Charles écrite par Jean-François Six : plusieurs points de sa spiritualité m’ont convaincu qu’il avait un message pertinent pour notre temps.

Il y avait d’abord Nazareth. Le constat que Dieu s’était incarné et avait voulu d’abord partagé dans le silence et l’amitié la vie des gens ordinaires d’un petit village de la Palestine. Avant de prêcher, il faut d’abord « s’incarner », être solidaire, se faire proche des gens, mener une vie simple… C’était la condition préalable à l’évangélisation selon le frère Charles.

L’idée d’être un frère universel était un autre aspect que me rejoignait. Accueillir tous ceux qui se présentent chez nous surtout les plus pauvres. Il fit également l’expérience d’être accueilli et soigné par eux. Ce fut une grande leçon pour lui. Accueillir et respecter les différences culturelles. Je fus en particulier impressionné par l’ouverture du frère Charles devant le monde musulman, son admiration face à leur foi.

Expérience en mission et la prière d’abandon.

En septembre 1980, je partais pour une expérience missionnaire qui allait durer huit années dans l’Amazonie du Pérou. Prêtre diocésain, j’y allaiscomme «associé » aux Prêtres des Missions Étrangères de Pont-Viau.

Comme première étape, la société missionnaire m’envoya pour quelques mois à Cuernavaca au Mexique en classe d’immersion pour étudier la langue espagnole.

Je me souviens qu’au début ce fut une période un peu difficile. Je venais de laisser une paroisse dans laquelle j’avais vécu mes premières années de ministère. J’y avais mis tout mon coeur et laisser plusieurs amis. Durant les dernières semaines avant mon départ, j’avais été entouré par ma famille, mes amis que je savais que je ne verrais pas avant plusieurs années. J’arrivais dans un milieu qui, quoique assez agréable, m’était totalement inconnu. J’étais le seul étudiant dans l’endroit où j’étais logé. La vieille dame qui y vivait me servait mes plats et se retirait me laissant regarder seul la télévision. Je ne parlais pas la langue…

Mais surtout, je pensais à ce qui m’attendait au Pérou et j’étais un peu anxieux. Comment allais-je réagir moi un gars de ville à la vie dans une bourgade au milieu de la jungle? Comment serait le contact avec un peuple et une culture si différente à la mienne?

Bref, après avoir coupé les liens affectifs, j’avais les « bleus » et l’avenir me paraissait un peu plus sombre maintenant que j’avais « traversé le pont » et qu’il n’était plus question de retourner en arrière.

C’est alors que je me suis tourné vers la prière d’abandon du frère Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi. »…

Je la reprenais à chaque jour dans ma prière. Après quelque temps, je fus surpris de voir l’effet que cette prière avait provoqué chez moi. Je réalisais que j’étais plus calme et confiant. J’avais retrouvé mon enthousiasme à l’origine de ma demande de partir en mission. Je ne savais pas plus ce qui m’attendait dans la jungle mais je savais qu’avec le Christ, je n’avais pas à m’inquiéter. Durant les huit années de mon expérience missionnaire et par la suite (41 ans de vie sacerdotale) je n’ai jamais eu de doutes sur le chemin qui se présentait devant moi. J’imagine que cela correspond un peu à la vie du frère Charles qui s’est déplacé de différents lieux (France, Syrie, Palestine, Algérie) en assumant différentes fonctions (moine, jardinier, ermite, prêtre) sans jamais douter que le Christ l’accompagnait et le guidait.

Une fois rendu dans mon nouveau milieu de vie, je pensais souvent au frère Charles, le frère universel, qui a partagé simplement la vie avec les gens. Mon habitation que je partageais avec quelques jeunes péruviens était toujours ouverte et accueillante aux passants. C’était ma façon de vivre la spiritualité de Nazareth i.e. Jésus qui partage la vie ordinaire des gens.

Même mon implication progressive dans la défense des droits des personnes aux prises avec des injustices était ma façon de répondre à un autre appel du frère Charles : « Nous n’avons pas le droit d’être des chiens muets et des sentinelles muettes : il nous faut crier quand nous voyons le mal ».

Bref, avec son inlassable recherche de la volonté de Dieu, son désir de « crier l’Évangile avec toute sa vie », son apostolat de la bonté, le frère Charles a été pour moi une inspiration dans ma vie. Et je crois que son message est de plus en plus nécessaire pour le monde d’aujourd’hui.

Laurent Ravenda, curé

Notre-Dame-de-la-Trinité, Verdun. Montréal QUÉBEC