Mois : décembre 2014
FELICITACIÓN DE MARIANO PUGA – FELIZ NAVIDAD 2014
Invitation à la Rencontre Européenne: Prêtres diocésains serviteurs de la rencontre avec les musulmans Viviers, France, 13-18 Juillet 2015
Invitation à la Rencontre européenne: Prêtres diocésains serviteurs de la rencontre avec les musulmans
Vous êtes cordialement invité à participer à la Rencontre européenne
Prêtres diocésains serviteurs de la rencontre avec les musulmans,
Proposée par l’’équipe internationale de la Fraternité Sacerdotale Jésus Caritas
Aux membres des fraternités d’Europe et aussi d’Afrique
Et également aux prêtres non membres des Fraternités
qui se sentent concernés par cette réflexion.
Cette rencontre se tiendra
du lundi 13 juillet 2015 à 18h au samedi 18 juillet 2015 à 9h
En France, dans la Maison diocésaine Charles de Foucauld,
2 Faubourg St Jacques – 07220 VIVIERS
Tel 04 75 52 62 23 et 06 72 42 61 95
Courriel : accueil@maisondiocesaine07.fr
Thème: Prêtres diocésains serviteurs de la rencontre avec les musulmans au sein des communautés dont ils ont la charge, à la lumière de la spiritualité de Charles de Foucauld.
Objectif: Permettre à des prêtres diocésains, se situant dans la spiritualité de Charles de Foucauld, d’échanger sur la rencontre et le dialogue avec les musulmans, dans le cadre de leur ministère pastoral : conditions de la rencontre, avancées, difficultés rencontrées, impact sur la vie des communautés chrétiennes.
Déroulement: le matin, conférences, l’après-midi partage d’expériences en ateliers, adoration, célébration de l’eucharistie, visites diverses. La traduction entre les différentes langues sera assurée par les participants qui pratiquent plusieurs langues.
Frais de séjour : 330 Euros dont 50 Euros, sont à verser à l’inscription et le solde, soit 280 Euros, au début de la retraite.
Inscription: Il y a 35 places disponibles. Les réservations se feront dans l’ordre de réception des fiches d’inscription et de l’acompte de 50 Euros.
La fiche d’inscription jointe est à remplir et renvoyer au plus tard le 30 janvier 2015 avec l’acompte de 50 Euros. En cas d’annulation, le montant de l’acompte sera remboursé dans les conditions suivantes : avant le 1er avril 2015, remboursement total, après le 1er avril 2015 pas de remboursement sauf cas de force majeure.
Jean-François BERJONNEAU
Assistant Général de la Fraternité
Fraternités Sacerdotales Jésus Caritas
PDF: invitation-a-la-rencontre-europeenne-viviers-juillet-2015
Témoignage Gianantonio Allegri
Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Qui a Dieu ne manque de rien. Seul Dieu suffit. (Ste Thérèse d’Avila)
Enlèvement et libération
de P. Jean-Paul Marta, Sr Gilberte Bussière, P. Jean-Antoine Allegri
Par Jean-Antoine Allegri (août 2014)
Deux mois se sont passés depuis notre libération. Je voulais juste mettre par écrit l’histoire dramatique qui nous a impliqués P. Jean-Paul, sœur Gilberte et moi : l’enlèvement par la secte terroriste Nigériane appelée Boko Haram.
L’enlèvement a eu lieu le 4 Avril 2014 aux environs de 23H00 à la Mission catholique de Tchéré (diocèse de Maroua-Mokolo, Extrême Nord du Cameroun). L’histoire s’est heureusement terminée après 57 jours, nous avons été libérés et remis à la BIR (Brigade Intervention Rapide) du Cameroun, dans la nuit entre le samedi 31 mai et le dimanche 1er Juin 2014.
Deux mois se sont passés depuis. Deux mois où, à plusieurs reprises, souvent en collaboration avec Jean-Paul, j’ai pu raconter ces 57 jours, et déchiffrer, au-delà des détails du drame, le sens de ce que nous avons vécu, comme un «trésor caché dans le champ».
Voici venu le temps d’écrire, de mettre en ordre les réflexions souvent fragmentées que nous avons eues pendant les rencontres occasionnelles, afin que ce « trésor caché dans le champ » soit partagé avec ceux qui ont participé, de près ou de loin, à notre souffrance par l’amitié, l’affection et la prière.
D’une façon toute particulière, je veux rappeler la fraternité toute spéciale de père Maurizio et père Leopoldo (eux aussi fidei donum de Vicenza à Maroua, dans la mission de Loulou) qui ont partagé notre histoire, dès les premières minutes, en nous accompagnant dans l’amitié et en se faisant point de repère pour nos amis et nos communautés.
Je vais désormais parler au pluriel, car ce que j’écris n’est pas le fruit de mon esprit et de mon cœur seuls, mais trouve sa source dans les témoignages de nous trois, alors que nous étions encore prisonniers. Toutefois, certains aspects seront de moi seul, élaborés à partir de l’histoire de ma vocation et de mon cheminement spirituel.
Un petit enfer
Du point de vue physique et psychologique, l’enlèvement, le temps de détention et les circonstances de la libération (oui, même celles-ci !!), doivent être définies comme un petit enfer, une expérience que nous ne voudrions jamais revivre et que nous ne souhaitons à personne.
Le fait d’être enlevés sous la menace des armes; le fait d’être impuissants, toujours à la merci de gens méconnus et hostiles; le fait de vivre dans une zone de guerre avec le risque d’être attaqués; vivre dans des conditions physiques désagréables, c’est-à-dire la chaleur humide de la savane au début de la saison des pluies ; les conditions d’hygiène nulles ; le manque de nourriture et d’eau ; la présence dérangeante des insectes et d’autres animaux ; coucher à même le sol.
Cela a été non seulement une expérience de pauvreté radicale, mais aussi de privation violente de notre liberté et de toute affection et le maintien permanent sous la menace des armes. Même si, à vrai dire, nous n’avons pas été maltraités, battus ou liés.
Notre petit enfer s’est vécu sous deux grands arbres de la forêt dans la savane nigériane.
Ce qui nous a aidés
Les moments de découragement n’ont pas manqués, mais le soutien mutuel, la conversation et le partage de nos pensées nous ont aidés à regarder ce qui se passait avec un peu plus de sérénité. La crainte dans certains moments semblait l’emporter… alors nous nous rappelions de nombreux passages de l’Evangile qui décrivent des expériences similaires (par exemple, l’apaisement de la tempête) et cela nous aidait à ressentir en ces moments-là l’Evangile réalisé sur nous… le soleil après la tempête, l’aube après la nuit…
Cela a été le temps pour vérifier combien la foi crue et proclamée (comme apôtres et missionnaires) avait effectivement la capacité d’éclairer nos pas.
Chaque jour, nous avons donné beaucoup de temps à la prière, au partage et à la méditation fraternelle de l’Évangile. Après, dans le silence, la prière personnelle confirmait ce que nous partagions ensemble.
La communion des Saints
Notre foi, nourrie par la communion de prière et d’affection de nombreuses personnes et communautés, nous a soutenus en nous donnant la sérénité et la paix intérieure.
C’est seulement après la libération que nous avons compris que ce que nous avions partagé entre nous les trois en prison était la «communion des saints», non seulement crue, mais aussi vécue comme une chaîne de lumière de communion et de prière avec l’Eglise « aux extrémités la terre ».
La communion des saints a été vraiment extraordinaire et elle a permis que la grâce de Dieu nous soutienne et nous sauve. Oui, nous étions sûrs qu’il y avait des personnes et des communautés qui priaient pour nous, et nous n’avons jamais cessé de prier pour tous nos proches et nos communautés, car nous imaginions leur grande souffrance de ne pas connaître nos conditions de vie. Mais nous ne pouvions pas imaginer l’ampleur de la mobilisation de grâce déployée autour de nous.
Ainsi la Parole de Jésus nous a toujours gardés, jamais abandonnés, et elle a transformé le drame d’un enlèvement en «trésor caché dans un champ».
Les signes de lumière:
Dès le début, nous avons expérimenté une série de petits signes lumineux – dans lesquels certains verront peut-être le hasard – provoquant certaines circonstances favorables pour préserver nos vies. Nous préférons, quant à nous, y voir la présence aimante du Seigneur.
Quelques exemples: Dans la nuit de l’enlèvement nos pieds-nus n’ont même pas été égratignés ni blessés sur une tige de mil, un caillou ou une épine dans l’obscurité tout au long du chemin menant de la Mission Catholique jusqu’au goudron où nous attendait une voiture pour nous emporter. Chance ? Hasard ? (en tout cas : Merci Seigneur !)
À l’arrivée le matin, après onze heures de voyage, dans le camp où nous étions prisonniers au Nigeria, on nous a redonné un certain nombre de choses que les ravisseurs avaient volés dans les chambres: un petit sac avec mes lunettes de rechange (Dieu merci !) ; du papier et un stylo, utilisés après par Sœur Gilberte pour faire le journal de ce qui se passait (Dieu merci!) ; et encore – écoutez bien ! – mon « sac-chapelle ». Ils ne savaient sûrement pas ce que c’était, sinon peut-être du matériel pour préparer la nourriture ou des médicaments. Donc, nous en avons profité et pendant quatre jours, sur la natte, nous avons célébré l’Eucharistie, tandis que nos gardiens, éloignés de nous de quelques 5-6 mètres, d’une façon obsessionnelle récitaient à haute voix le Coran. Merci Seigneur pour être venu avec nous dans la forêt et avoir rompu le pain de ta présence. Merci Seigneur pour «avoir mis ta natte parmi nous», pour ton être à côté de nous dans ce qui a été un long Carême, un désert plein d’épreuves, et un Avent spécial, dans l’attente confiante de la libération.
Après quatre jours, malheureusement, un jeune gardien a réalisé que nous étions en train de prier ; alors on nous a pris le sac, toutefois avec la promesse qu’il nous serait rendu au moment de la libération. Cela finalement ne s’est pas réalisé pour des circonstances imprévues; ainsi le calice, la patène, les hosties, le vin sont restés là-bas comme un signe… comme le «tombeau vide».
Nous étions privés de la célébration de l’Eucharistie, mais nous n’étions pas privés du pain eucharistique qu’est la Parole de Jésus, chaque jour partagée, méditée et contemplée en choisissant des passages de l’Evangile racontés par cœur; le pain eucharistique pétri d’autres moments de prière commune que nous animions chacun a son tour; le chapelet, la prière du matin et du soir; le pain eucharistique de notre fraternité vécue dans le dialogue spirituel dans le partage de l’histoire de nos vies (nous en avions le temps !), avec le soutien réciproque dans les moments difficiles de désespoir, en prenant soin les uns des autres.
Une présence missionnaire «différente»
Avec la prière sur les lèvres et l’Évangile dans le cœur, nous avons reconnu que cette expérience, que nous n’avions pas cherchée, pouvait devenir un grand appel à vivre, même à l’extrême, une présence missionnaire, une présence de l’Église missionnaire (« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ») là où aucun missionnaire ne serait venu de son propre gré.
C’était le dernier endroit qu’un missionnaire aurait choisi, mais, de toute façon, nous étions là « conduits par l’Esprit ».
Nous ne savons pas comment Jésus a rencontré les cœurs de nos ravisseurs… Sûrement Jésus les a rencontrés à travers notre présence fraternelle, notre sérénité, notre prière pour eux.
C’était l’expérience et l’annonce d’une église pauvre, dépouillée de tout moyen, y compris la conversation (nous ne pouvions pas nous comprendre avec eux, ne parlant pas la même langue), pour laisser la place, toute la place à l’Esprit qui souffle où il veut, quand il veut, sur qui il veut, seulement par la présence d’une église impuissante.
Cette prise de conscience nous a posé des questions et il y a eu beaucoup de dialogue entre nous sur notre vie missionnaire dans la paroisse de Tchéré. Qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire? Pourquoi une mission si bien démarrée (cette année, nous avons célébré le 20ème anniversaire de la fondation) est tout d’un coup obligée à se réorganiser ? Tout en continuant à la soutenir avec de l’aide, nous ne pouvons pas ignorer le fait que ce ne sera plus comme auparavant. Cela ne nous invite –t-il pas à changer notre façon de travailler en mission? Quelle présence, quelles priorités, quel style, quels moyens? La nouvelle évangélisation ne concerne peut-être pas seulement les pays d’ancienne tradition chrétienne, mais aussi les églises des missions dans les différents continents.
Un chemin de conversion
La découverte de ce trésor caché dans le champ nous a conduits à réviser jusqu’à nos vies personnelles comme une conversion.
Qu’est-ce que le Seigneur nous appelle à être et à faire après ce long Carême et cet Avent de libération?
Un mot qui est revenu fréquemment dans notre dialogue c’est dépouillement
Oui, là-bas nous avons vécu ce que signifie le dépouillement en tous sens: nous étions pauvres, impuissants, vulnérables, dans les mains des hommes et de la nature. Et dans ces conditions nous avons touché la paternité de Dieu par notre fraternité elle-même et l’inspiration du cœur.
Nous avons expérimenté que la pauvreté d’esprit des béatitudes ne peut passer que par la pauvreté de moyens, par un véritable dépouillement de nos certitudes, par l’impuissance.
Ce n’est qu’ainsi que l’on peut avoir un partage réel et respectueux avec les pauvres.
Dans ce contexte, pour moi personnellement, la prière d’abandon de Charles de Foucauld est devenue plus concrète et compréhensible et le choix de la dernière place est un chemin à faire avec confiance.
Un autre mot clé était « fraternité – communion »
Nous les avons vécues en nous rendant compte que le Seigneur nous avait donné d’«être ensemble» pour faire face à la tempête. Nous avons appris que ce qui nous uni est plus fort que ce qui nous divise; que la force de l’un c’est la force de tous et que la faiblesse de l’un c’est la possibilité de puiser dans la puissance de Dieu et dans la lumière de la résurrection.
La miséricorde de Dieu passe par la miséricorde du frère.
La prière de très nombreuses communautés chrétiennes (et même non chrétiennes !) pour nous autres, prisonniers, a montré clairement l’icône du corps dans lequel les membres plus forts soutiennent les membres plus faibles.
Un autre mot très fort: la paix
La paix qu’il faut chercher, qu’il faut demander avec la prière. Paix pour le Nigeria, paix pour le Cameroun, paix pour les églises concernées, paix pour les différentes confessions religieuses, chrétiennes et musulmanes.
Prière pour ouvrir les portes à l’Esprit de Dieu, afin qu’avec le don de la sagesse et la grâce, il puisse toucher les esprits et trouver des chemins de réconciliation, de compréhension, de libération.
Une paix pour laquelle ça vaut la peine de s’engager, en refusant toute forme de violence qui essaye d’imposer son propre droit aux autres. La violence qui assure le droit d’un seul détruit en même temps les droits de l’autre. Les armes, la construction et le commerce des armes, ne sont pas dans le cœur et dans le plan de Dieu.
La Semaine Sainte 2014 restera inoubliable.
Cette année la participation à la mort et la résurrection de Jésus nous l’avons vécue dans notre peau jusqu’au dernier moment : la nuit de la libération à un moment donné, nous avions des raisons graves et manifestes pour craindre que les négociations et les accords ne marchent pas, et que nous devrions retourner « dans le tombeau » de la forêt, dans la savane. Nous avons intensifié notre prière, notre abandon, notre humilité en demandant l’impossible. « Tout est possible à celui qui croit… » (Mc 9,23), alors Seigneur, si tout est possible… libère-nous s’il te plait !!!! »
Au moment de la mort, où il semble que tout est vraiment fini («… il est là depuis trois jours dans le tombeau » Jean 11,39), c’est à ce moment-là que la lumière de la résurrection devient réalité.
Le samedi 31 mai, en la fête de Notre Dame de la Visitation, nous sommes partis du lieu de captivité pour celui de la liberté. Cette nuit-là nous avons eu peur de ne pas réussir mais avec l’intercession de Marie, mère de Jésus et notre Mère, nous avons finalement été libérés… dans la fête de l’Ascension, « il a emmené des captifs » (Eph 4,8), pour notre joie et pour la joie de ceux qui nous aiment.
Pour la gloire de Dieu.
« Sous l’abri de ta miséricorde nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. »
Aux amis du diocèse, Grégoire CADOR, 2 décembre 2014
P. Grégoire CADOR
Tokombéré, le 02 décembre 2014
Aux amis du diocèse de Maroua–Mokolo et de Tokombéré
Chers amis,
Permettez-moi de commencer cette lettre de nouvelles en rendant hommage à un ami très cher de l‘association Tokombéré La Flèche qui vient de nous quitter après un long et courageux combat contre la maladie.
Claude Lespagnol était membre de la première équipe avec Marie–France, son épouse. Son engagement multiforme avec nous et dans bien d’autres associations reste un exemple stimulant pour tous. Selon la formule consacrée au Cameroun je lui dis en notre nom à tous : « Repose en paix, Claude et que la terre de nos ancêtres te soit légère… »
Voilà bientôt deux mois que je n‘ai pas donné de nouvelles et je ne sais par où commencer… Commençons par les bonnes !
Il y a un mois nous lancions le catéchuménat paroissial. 450 catéchumènes inscrits venus de nos 39 communautés villageoises. Une grande majorité de jeunes scolarisés mais aussi des adultes, qui vont cheminer vers le baptême pendant trois ans à la lumière de la Parole de Dieu. Nous constatons de plus en plus de sérieux dans ces démarches et dans celle des catéchistes et adultes qui les accompagnent.
Il y a quinze jours c’était le démarrage des activités Cop–Monde (équivalent de l‘Action Catholique des Enfants en France). Autour du P. Justin et de Sr Pauline, ce sont 250 enfants qui ont littéralement « envahi« la paroisse du vendredi soir au dimanche midi mettant une ambiance de fête et de bonne humeur. Ça fait du bien ! (mais il ne faudrait pas en abuser !!!) Le même dimanche a eu lieu le match d’ouverture du tournoi Baba Simon organisé par le Projet–Jeunes de la paroisse. 6 équipes composées de jeunes chrétiens, musulmans et autres, vont s’affronter jusqu‘à la finale prévue au mois de Mai. Les autorités locales étaient largement représentées (Sous-préfet, Commandant de brigade, responsables de structures…). Là aussi, très bonne ambiance et très bonne organisation. Le P. Justin avait le droit d’être bien fatigué à la fin du week–end !
Dimanche dernier, premier dimanche de l‘Avent c’était, comme chaque année, la fête des récoltes… Chaque chrétien vient déposer devant l‘autel un épi ou une gerbe pour dire merci à Dieu de la vie qu‘il nous donne et qu‘il nous confie. Peu à peu cela donne un grand mur de mil multicolore qui invite à l‘action de grâce et à l‘engagement pour bâtir ensemble le monde de justice et de paix que nous attendons tous. La récolte de cette année est relativement bonne concernant le mil. C‘est nettement moins bon pour l‘arachide…
Dimanche prochain ce seront les rencontres de secteur dans chacun des six secteurs de la paroisse pour faire remonter la réflexion commencée en septembre sur notre thème d’année : « Je suis avec vous tous les jours jusqu‘à la fin des temps.« L’idée est de travailler sur la question « Suite à la réflexion que nous avons menée tout au long du trimestre, comment pouvons– nous être présence réelle de Jésus ici et aujourd‘hui? » Les membres laïcs de l‘équipe d‘animation pastorale sont très investis dans cette réflexion et se répartiront dans chacun des secteurs pour recueillir le fruit de la réflexion… A suivre !
Le Conseil de gestion paroissial a pris très au sérieux l‘interpellation de notre nouvel évêque, Mgr Bruno, pour une meilleure participation au financement du diocèse. C‘est une réflexion de fond que nous menions depuis des années déjà avec Mgr Philippe notre évêque émérite. Les communautés sont actuellement engagées avec beaucoup de sérieux dans une cotisation en nature (en l‘occurrence le mil) pour relever le défi et apporter notre pierre à l‘effort diocésain.
Le 20 décembre nous aurons la joie de célébrer le mariage du docteur Jean–Pierre Adoukara, directeur adjoint de l‘hôpital et de Walma Marie–Aimée, institutrice dans l‘enseignement public et
fille de Jérémie Djouri, un de nos anciens, catéchiste, ex pilier du secteur Mouyang, que beaucoup d’entre vous connaissent.
Le 28 décembre, à l‘occasion de la fête de la Sainte Famille, c’est Bouba Achimé, enseignant au Collège Baba Simon et Hélène Djéré, enseignante à l‘école St Joseph et fille de Bouba Zacharie, lui aussi catéchiste très engagé du secteur Mada, qui convoleront en juste noces !
Le chantier communal d‘adduction d’eau que j‘avais évoqué dans un précédent courrier avance à grand pas et nous espérons pouvoir être branché au plus tard en février prochain… En revanche le chantier de construction de la route Makalingaye–Tokombéré est actuellement en stand–by en attendant la reprise des travaux, imminente dit–on du côté de la mairie…
Les week–ends interreligieux dont je vous parlais dans mon précédent courrier ont débuté. Le premier sur le thème des « fondements de la dignité de la personne humaine et maîtrise de soi« avec le professeur de morale du grand séminaire interdiocésain, un enseignant musulman de l‘université de Maroua et un pasteur protestant, a rassemblé 35 personnes dans une ambiance d‘amitié réelle et profonde. Le deuxième sur « les sources de la fraternité universelle et le dialogue interreligieux« avec notre évêque émérite, le pasteur chargé de la formation biblique pour les Eglises évangéliques de la région Extrême–Nord et le secrétaire de Jeunesse Islamique du Cameroun pour l‘Extrême–Nord, a rassemblé 37 participants. Ensemble, nous avons découvert de véritable raisons d‘espérer sortir de notre situation en sachant s‘écouter, se connaître et se respecter. Nous avons regardé ensemble la pièce « Pierre et Mohamed » écrite à partir de textes de Mgr Claverie et du carnet de notes de son chauffeur musulman… Grand merci aux sœurs de l‘Abbaye Ste Cécile de Solesmes et à leur jeune Abbesse qui a eu la bonne idée de nous faire découvrir ce magnifique texte que je vous invite à découvrir si ce n‘est pas déjà fait !
Cela me fait naturellement passer au versant plus sombre des nouvelles.
La situation sécuritaire est encore très tendue. L‘évêque a dû se résoudre à suspendre momentanément les activités pastorales dans le district paroissial d‘Amchidé dont je vous ai souvent parlé… La ville est désormais ville–morte et terrain militaire suite à une attaque extrêmement violente des terroristes de Boko–Haram… Pierre, l‘administrateur laïc, a dû retourner dans sa paroisse d‘origine en abandonnant ses récoltes sur place. Mon ami l‘imam, quant à lui, est réfugié à Mora.
Le marché du village de Goudjimdélé, dans lequel nous avons une paroisse, à une vingtaine de kms de la frontière, a subi une attaque il y a10 jours. La population, avec le curé, les enseignants de l‘école catholiques et les infirmiers du centre de santé catholique, a dû fuir pour se réfugier à la montagne proche… Depuis, le calme est revenu mais les gens sont encore dans la peur. Avec l‘aide du curé et du responsable du centre de santé, un comité de vigilance a vu le jour, les populations comprenant peu à peu qu‘elles ont un rôle très important à jouer…
Pendant ce temps l’armée camerounaise fait son travail avec sérieux et essaye d‘être au plus près des difficultés. Une opération de « nettoyage« (horrible mot !) a été menée très fermement dans l‘un des villages voisins connu pour être un repère de Boko-Haram camerounais… La confiance revient peu à peu mais ce n‘est pas simple.
Au Nigéria, en revanche, la violence s‘accentue de plus en plus avec des attentats suicides, perpétrés notamment par des femmes kamikazes. Le plus violent, dont on a d‘ailleurs parlé dans les médias occidentaux, a été mené vendredi dernier, à l‘heure de la prière, contre la grande mosquée de la ville de Kano. L‘émir de Kano avait très clairement pris position pour condamner Boko-Haram et appeler les musulmans à la résistance. Plus de 120 morts et près de 300 blessés ! L‘horreur continue entraînant encore des dizaines de milliers de réfugiés sur les routes.
Jeudi prochain la récollection d‘Avent des équipes apostoliques du Mayo–Sava aura pour thème : « Voulez–vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67). J‘ai la lourde tâche d‘animer la méditation… Nous prendrons aussi le temps de regarder ensemble « Pierre et Mohamed » pour puiser la force dans l‘exemple lumineux de ces deux témoins (« martyrs » en grec !)
Je voudrais terminer en saluant le courage et la qualité de témoignage de nos jeunes prêtres, de nos sœurs, diacres et autres responsables qui ont fait le choix de rester « avec leurs gens« pour porter ensemble le poids du jour et de la chaleur… L‘un d‘entre eux, qui avait dû fuir lors d‘une attaque, me disait récemment : « J‘y retourne tout de suite parce que j‘ai peur sinon de trouver pleins de raisons de ne pas y retourner… » Cela se passe de commentaires…
Je vous livre enfin deux extraits de textes que j‘ai lus récemment et qui peuvent nous aider dans la réflexion indispensable que nous devons mener ici au Cameroun mais aussi partout là où vous êtes, pour relever le défi de la paix dans le monde…
Le premier est du Pape François. C’est un extrait de son discours devant le président des affaires religieuses turques, à Ankara, le 28 novembre dernier :
« La violence qui cherche une justification religieuse mérite la plus forte condamnation, parce que le Tout–Puissant est le Dieu de la vie et de la paix. Le monde attend, de la part de tous ceux qui prétendent l’adorer, qu’ils soient des hommes et des femmes de paix, capables de vivre comme des frères et des sœurs, malgré les différences ethniques, religieuses, culturelles ou idéologiques.«
Le deuxième est du professeur Felice Dassetto (Sociologue des religions. Fondateur du Centre d’études de l’islam dans le monde contemporain, il a enseigné à l’Université catholique de Louvain, en Belgique.) :
« Jusqu’à quand les musulmans ne se secoueront pas de cette double chape de plomb culturel qui pèse sur l’islam contemporain en faisant un travail profond de réflexion sur leurs catégories interprétatives des textes et de l’histoire fondatrice, et jusqu’à quand ils éviteront de se poser ces questions en continuant à dire que ce n’est pas l’islam, sans s’interroger plus loin et parfois en se réfugiant de manière défensive dans l’idée d’un complot contre les musulmans, le djihadisme continuera à s’alimenter dans le monde musulman contemporain et finira par traîner définitivement dans la boue l’islam lui–même. Certes, cela n’est pas l’islam ; l’islam peut être autre chose. Mais cet islam–là est celui qui est devenu dominant dans le monde musulman en engluant ainsi les musulmans d’aujourd’hui.«
Les condamnations courageuses du terrorisme religieux de dignitaires musulmans de plus en plus nombreuses, à travers le monde, sont, espérons-le, le prélude à ce travail de relecture et de remise en question.
Il me semble que les chrétiens ont besoin, eux–aussi, de ne pas se cacher derrière l‘Evangile pour se croire en dehors de danger. La frontière entre le bien et le mal passe au cœur de chacun d’entre nous. N‘oublions jamais cette interpellation de Jésus : « Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse–moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi–même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.« (Lc 6, 42)
Priez pour nous, nous en avons besoin. Nous sommes ensemble.
Grégoire
P.S. : Au Cameroun la numérotation téléphonique est passée de 8 à 9 chiffres.
En cas de besoin il vous suffit, après le 00 237, d‘ajouter un 6 devant les numéros actuels.
Nous avons achevé la construction du presbytère annexe dont nous rêvions depuis des années. Un bureau paroissial plus 3 chambres d‘accueil (inaugurées lors du 1er week–end interreligieux par un dignitaire musulman, un pasteur et un prêtre !) Alors si la zone rouge ne vous fait plus trop peur… nous vous attendons avec joie !