Denis SEKAMANA, Iesus Caritas, Frère Charles, le visage de la miséricorde

Abbé Denis SEKAMANA

“LE VISAGE DE LA MISERICORDE”

Chers frères,

A l’annonce de l’année sainte de la miséricorde,qui correspond au centième anniversaire de la naissance au ciel de frère Charles(1916-2016),j’ai immédiatement pensé à la vie qu’il a menée depuis sa conversion.Une vie qu’il a voulue identique à celle de celui qu’il a découvert à Nazareth et dans les Saintes Ecritures qu’il lisait et méditait chaque jour.

Charles a été ébloui par le visage miséricordieux de celui qu’il appelle désormais”son Bien-Aimé Frère et Seigneur Jésus”. Nous constatons alors qu’il est une véritable illustration du message que le Saint Père nous propose pour cette année dédiée à la miséricorde,à savoir:“Revivre les oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles:donner à manger aux affamés,donner à boire à ceux qui ont soif,vêtir ceux qui sont nus,accueillir les étrangers,assister les malades,visiter les prisonniers,ensevelir les morts”.Puis”conseiller ceux qui sont dans le doute,enseigner les ignorants,avertir les pécheurs,consoler les affligés,pardonner les offenses,supporter particulièrement les personnes ennuyeuses,prier Dieu pour les vivants et les morts”.

Nous connaissons le verset de l’Evangile qui hantait littéralement le Coeur de Charles et ne cessait de le faire battre:”Ce que vous avez fait à l’un de ces petits d’entre les miens,c’est à moi que vous l’avez fait…et ce que vous n’avez pas fait à l’un de ces petits,à moi non plus vous ne l’avez pas fait” (Mt 25,40-45).Disons que Charles à communié intensément à la table de l’abondance de la miséricorde du Christ et s’est offert pour dresser cette même table aux âmes les plus démunies de Jésus et de tout ministère sacerdotal. Alors,il s’est fait pélerin et missionnaire à la recherche des brebis les plus galeuses qui soient.

Son histoire nous le montre accueillant caravaniers,militaires et bédouins des oasis du désert sans distinctions aucune.Tout le monde connaît le chemin de sa maison,tout le monde se sent chez lui comme chez soi,pour y vivre les biens de la fraternité.Charles partage le peu qu’il a jusqu’à la dernière bouchée.

De son temps,il se pratiquait un commerce sauvage et éhonté des esclaves et surtout celui des enfants.Ses protestations contre ce fléau se sont faites ressentir jusque dans le Parlement de sa France natale.Il a risqué de se mettre à dos tous les puissants escrocs de l’ignoble trafic.

Nous savons aussi que Charles s’est improvisé en infirmier soignant les infortunés des Sables du Sahara et Dieu sait à quelles épidémies il avait à faire face.Et bien que fort peu équipé,le simple fait de visiter ces malades,de les toucher,de se montrer soucieux de leur état,les soulageait déjà et marquait la différence entre lui et tous les autres.

Nous savons enfin qu’il s’est préoccupé du développement matériel de ceux don’t il se sentait déjà responsable.Il a introduit chez eux la couture,le tissage,le tricotage et la culture des denrées alimentaires qui manquaient cruellement à leur mieux-être.Aurait-il rate l’occasion de leur apprendre à tirer du fromage du lait de leurs chèvres et moutons?Pour sûr,ils ont appris de lui comment se faire une maison plus habitable et plus durable qu’ils n’avaient pas auparavant.

Curieusement,tout prêtre qu’il était et tout zélé s’il en fut,il n’a jamais pensé à prêcher ni à célébrer au milieu des disciples d’Allah si revêches au Fils de Dieu!Pourtant son Coeur brûlait d’amour pour son Bien-Aimé.Et c’est pour lui qu’il marche et se trouve là au milieu de ces gens.Il va leur prêcher autrement,non par sa bouche,mais par son coeur noble,tendre,bienveillant,soucieux et respectueux.Il s’incarne lui-même chez eux,alors non seulement il prêche,mais il crie l’Evangile par toute sa vie,à travers ces gestes et multiples petites choses d’amour par lesquels il va essayer d’adoucir leur vie dure et rude.Il va déployer un apostolat de bonté,de présence et d’amitié;un apostolat qui soit un langage bien plus puissant que toute la théologie du monde;un apostolat qui va faire de lui un frère universel.

En ce centième anniversaire de la mort de Charles qui correspond à l’Année Sainte de la miséricorde,il nous initie à un nouveau style et à une nouvelle méthode d’apostolat,qui,en somme,est celui du Christ qui “passait partout en faisant du bien”(Ac 10,38).”Mon apostolat doit être celui de la bonté.En me voyant qu’on puise dire:si cet homme est bon,sa religion doit etre bonne.Et si on me demande pourquoi je suis doux et bon,je leur répondrais que c’est parce que je suis disciple d’un plus bon que moi.Si vous saviez combien est bon mon Maître!Je voudrais être tellement bon pour eux jusqu’à ce que,eux-même disent:si tel est le disciple,comment donc est son maître?”.

Charles a eu toute une vie qui parlait de Jésus et il nous invite à faire de même.Et c’est cela même que nous demande le Maître:”Pour vous qui suis-je?Qui dites –vous que je suis?”(Lc 9,20).Notre devise à tous devrait être la suivante:”Que les paroles se taisent et que les actions parlent”.Voilà un apostolat qui ne s’use pas,et,un langage que tout homme de bonne foi comprend et désire entendre tout le temps.

Bonne Année et Bon Anniversaire.

Denis SEKAMANA

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