Lettre à la Famille Charles de Foucauld – 15 septembre 2018

Chers amis,

D’emblée, nous avouons notre perplexité : à qui exactement adressons-nous cette lettre ?

Qu’est-ce que « la Famille spirituelle Charles de Foucauld » ?

Ce n’est pas sa famille de sang. Celle-ci doit être à sa place ; elle n’a pas à être exaltée comme l’a fait un récent biographe. Nous suivons une présentation qu’en a donnée l’historien J.-F. Six :

« Edouard de Foucauld, le père de Charles, a une sœur unique, Marie ; laquelle aura deux filles, dont l’une seulement, Marie, devenue Madame de Bondy, aura des enfants.

Edouard aura, lui, deux enfants : Charles et Marie ; celle-ci deviendra Marie de Blic et aura des enfants. On a ainsi deux branches dans la famille de sang de Foucauld :

– celle de sa sœur Marie, traditionnelle, pieuse, de nature angoissée (dans ses lettres, assez banales, Charles la rassure souvent et évite de lui dire ses problèmes). Marie a, dans sa descendance, de nombreux prêtres, religieux, religieuses.

– celle de sa cousine Marie de Bondy, forte personnalité, insérée dans le monde, polyglotte, que Charles va adopter comme seconde mère de sang (« votre vieux fils aîné », lui signe-t-il sa dernière lettre, le jour de sa mort) et qui sera pour lui sa vraie mère spirituelle (il lui écrira 700 lettres profondes où il lui dit toute son âme et ce qu’il vit en vérité). Pour la situation sociale de la famille : les 3 « Marie », sa tante, sa cousine et sa sœur sont mariées à de grands banquiers ».

Voilà pour la postérité de sang.

Autre chose est une postérité d’esprit telle qu’en ont de grands penseurs, des hommes politiques, des savants ; telle qu’en ont aussi des fondateurs religieux ou des mystiques.

Foucauld est dans ce dernier cas : il a eu, il a une « famille spirituelle » ; en ce sens-là, quelques-uns, une cinquantaine de frères et sœurs qui le rejoignent de son vivant, prêtres, religieux, laïcs, qui se sont reconnus dans sa « confrérie », l’UNION ; et particulièrement l’un d’entre eux, un laïc, Louis Massignon ; celui-ci, n’a pas vu en Foucauld un « père » mais un « frère aîné » ; Foucauld parle des membres de son UNION comme des « frères et sœurs de Jésus », les siens.

Alors, votre nom : « Famille spirituelle Charles de Foucauld » ? Si nous avons bien compris, c’est tout autre chose ; vous avez été créés en 1955, près de 40 ans après sa mort ; votre « famille » est issue de deux congrégations, les P.F. et les P.S. de Jésus, fondées dans les années trente, par un initiateur, le père René Voillaume, qui s’est « reporté » au Foucauld d’avant son ordination, d’avant son départ au Sahara (1901). Plus précisément, il s’est référé à une Règle eremitico-monastique inapplicable que Foucauld a écrite en 1899 (et qu’il a ensuite abandonnée) ; Règle 1899 que R. Voillaume a adaptée et modulée à sa façon, tout en se réclamant de Foucauld, alors même qu’il laissait de côté l’évolution missionnaire décisive de celui-ci dans ses années sahariennes (1901-1916).

Toujours est-il que R. Voillaume, après avoir publié en 1948 une relation de ses fondations Les Fraternités du Père de Foucauld et un livre de spiritualité retentissant Au cœur des masses, en 1950, a voulu rassembler, autour des P.F. et P.S. de Jésus, une sorte de tiers-ordre composé de divers groupes de chrétiens, prêtres séculiers, laïcs, consacrés, qui se référaient à une spiritualité dite de « Nazareth », qu’il avait développée dans ses deux livres. Si nous sommes bien renseignés, c’est ainsi que s’est constituée en 1955, sur proposition de R. Voillaume l’« Association Charles de Jésus, Père de Foucauld » qui va, peu à peu, au fil des années, s’agréger d’autres congrégations et associations ecclésiastiques, toutes appelées « Fraternités », se réclamant de cette même spiritualité du père Voillaume ; l’ensemble se compose aujourd’hui de 19 groupes et s’appelle désormais, depuis 2003, « Famille spirituelle Charles de Foucauld ».

C’est donc à celle-ci que nous nous adressons aujourd’hui. Dans nos recherches au sujet de Foucauld, nous nous sommes aperçus que, dans l’Eglise, cette Famille semble se présenter comme la seule héritière, la seule vraie postérité du père de Foucauld ; et qu’elle y est d’ailleurs vue comme telle (Rome a organisé, il y a 2 ans, un « Synode sur la famille » ; voulant y évoquer la vie de la « sainte famille de Nazareth ». Rome a invité à ce synode un membre de la Famille spirituelle Charles de Foucauld, le prieur des P.F. de Jésus, comme étant le représentant unique de la descendance de Foucauld.)

Continuer …. Vous pouvez lire le document dans le lien suivant (PDF) : Lettre de LACF à la Famille spirituelle CdF

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