Petites Soeurs de Jésus en Ceuta

Ceuta, 7 mai 2015

Bien chères petites sœurs et amis,

Depuis plus d’un an de discernement et préparation, réflexion et prière, le moment est arrivé de nous mettre en route pour venir à Ceuta. Le 9 avril, nous avons débarqué sur cette terre pour commencer une nouvelle fraternité et vivre dans ce lieu de frontière, qui est une porte de l’Afrique pour l’Europe. Une ville de 80.000 habitantes, interculturelle et interreligieuse, où il y a la moitié de musulmans, une communauté chrétienne, une communauté juive et une autre hindou sindhîs. Il y a 40 mosquées, 7 églises, une synagogue et un temple hindou. Au niveau géographique, cette ville se trouve dans le nord du Maroc, et il y a 14 kilomètres par la mer jusqu’à l’Espagne : Algeciras. Ce passage on l’appelle « El Estrecho de Gibraltar ». Nous sommes entourés par la mer Méditerranée et l’Océan Atlantique. C’est une très belle ville et en même temps c’est une ville d’une grande complexité et de mille contrastes en très peu d’espace, 30 kms carrés ! Nous sommes en train de découvrir différentes réalités que nous parlent et touchent beaucoup : 8 kilomètres de grillage que tellement de gens essaient de sauter… la mer qui nous entoure partout où les migrants risquent leur vie pour pouvoir arriver… tout l’échange commercial de la frontière… les femmes mulets… la clandestinité : pas seulement des africains mais aussi des marocains et des algériens qui deviennent tous des personnes « sans papiers »… les conditions de travail sont durs avec des salaires très bas, surtout pour les femmes qui viennent tous les jours du Maroc… les enfants qui arrivent tout seuls et sont placés dans des structures du gouvernement… et le CETI « Centre de séjour temporaire pour les migrants » pour un premier accueil, géré par le gouvernement, avec une capacité de 500 personnes et beaucoup de fois ils sont deux fois plus… etc !

Depuis notre arrivée nous « campons » dans une pièce d’un appartement en attendant que les travaux de l’appartement où nous seront logées soient finis. Nous habitons dans un quartier très populaire : HADU. Les rencontres sont faciles, nous avons déjà fait connaissance avec nos voisins, avec les gens de notre quartier, les personnes qui vont à la paroisse, les migrants… nous sommes très bien accueillies par tous et la vie nous amène continuellement à rendre grâce pour le don de la Fraternité.

Nous avons fait un « pèlerinage » vécu avec beaucoup de respect et silence, illuminé et accompagné par la prière et la Parole de Dieu: « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » nous dit Jésus et ces jours-ci, Lui nous répète sans arrêt : « … demeurez en moi, aimez-vous… »… pèlerinage pas seulement intérieur mais aussi vers des lieux où la vie et la mort se retrouvent :

  • Benzu, où nous avons prié et découvert la brutalité des grillages infranchissables !
  • el Tarajal, l’unique endroit pour passer la frontière, où nos yeux ne peuvent pas croire ce qu’on y voit !
  • au CETI, où nous avons trouvé une grande humanité de la part de toutes les personnes qui travaillent là-bas. Ils nous ont ouvert les portes pour que nous puissions y aller et accompagner surtout les femmes qui ne sortent pas…
  • le Maroc, que nous apercevons de loin et qu`avec facilité nous pouvons rejoindre. Avec un passeport européen, c’est facile…et à côté, des centaines et centaines des jeunes qui sont cachés dans la forêt en attendant le jour béni de passer chez nous….Combien de visages nous avons déjà rencontrés qui resteront pour toujours gravés dans notre cœur ! Rabat, Castillejos et aussi Tanger où nous avons pu rejoindre l’évêque Santiago qui est un vrai frère !
  • S’arrêter sur la plage pour prier, pour  cueillir les fruits de la journée et contempler la beauté de cette nature nous fait aussi rejoindre la tragédie qui, dans la Méditerranée, se vit et où continuellement meurent des personnes sans nom et que nous, maintenant, nous commençons à pouvoir connaître…presque tous ceux que nous avons connus, ont vécu au cours de leur traversée cette expérience de la mort d’un ami, d’un membre de la famille…c’est trop difficile d’écrire ce que nous avons écouté !

Nous avons fait, en ces jours, l’expérience que la mort n’a pas le dernier mot, la force de vie et de leur foi sont tellement grandes que notre espérance grandit, nous rentrons dans le Mystère Pascal avec chacun d’eux, et cela est une grâce qui nous change au plus profond de nous-mêmes !

Un mot, un regard, une petite salutation…nous a fait faire connaissance avec quelqu’un à la porte d’un magasin ou dans la rue, en nous amenant à pouvoir écouter des histoires inimaginables de tout le chemin qu’ils ont fait pour arriver jusqu’à ici… Combien de souffrances !!!! Doucement nous avons créé des liens… commencé à nous faire des amis… Leur foi nous encourage et c’est leur soutien, quelle beauté ! Ils nous ont demandé d’aller prier avec eux…Ils nous expriment que ce dont ils ont besoin, c’est de pouvoir parler et confier ce qu’ils ont vécu, tout ce qu’ils portent dans leur cœur car ils ont « vu et vécu beaucoup »…Quelques-uns nous ont dit que c’est la première fois qu’ ils sont accueillis, salués… invités à manger…et pour nous, les voir chez nous est une grande joie et surtout les reconnaître !

Notre vie est colorée par des petits gestes très concrets, simples : accueillir les larmes, écouter un mot, risquer la relation, une parole d’affection, des regards qui se croisent et parlent de la détresse qu’ils portent dans leur cœur…des gestes que nous percevons comme des gestes évangéliques porteurs de vie, de force, de lumière, de paix ! En plus, vivre cela ensemble, en communauté est source d’un grand bonheur !

Nous faisons tous les jours l’expérience d’être soutenues par votre prière et affection. Nous vivons un moment où nous pouvons toucher que nous avons besoin des autres, un petit exemple : une femme, Jadija, qui nous accompagne les 3 kilomètres de la frontière jusqu’à Castillejos à pied, simplement pour pas nous laisser seules sur le chemin !!!!

Un cadeau : Alpha, un jeune de Guinée Conakry, que nous avons connu dans la rue, ce matin avec 32 collègues a eu la possibilité de prendre le bateau pour rejoindre la péninsule. Ceuta ne peut pas retenir tout ce monde qui arrive et au fur et à mesure ils sont « expulsés » mais cela leur ouvre aussi la possibilité de rester en Europe et de s’ouvrir un chemin, c’est leur rêve !! Etre témoin de leur joie au port et être avec eux a été pour nous une expérience forte et émouvante… leur traversée n’est pas finie ni les difficultés non plus… ils viennent maintenant à vers l’ Europe où ne sera pas facile pour eux !

Comme Moïse, cette terre qui devient notre « terre » est un lieu sacré que nous ne voulons pas seulement habiter, mais aimer et, en enlevant nos sandales, prier continuellement pour que « le Règne de Dieu vienne, pour que nous devenions des frères et sœurs sans barrière, sans crainte, sans mur ni grillage… »

C’est vrai, commencer une fraternité sans rien d’autre qu’aller à la rencontre, en cherchant un lieu où habiter et du travail pour vivre, en faisant du quotidien l’espace où notre cœur s’unifie pour vivre comme des filles bien-aimées du Père… C’est une grâce qui réveille en nous tous les désirs de suivre JESUS et de fixer notre regard seulement sur LUI…Vous pouvez rendre grâces avec nous de savourer la beauté d’un temps comme notre présent.

« Depuis que vous êtes ici, il y a comme une paix autour de nous.. » nous dit une voisine, cela est une petite perle qui sûrement va nous aider dans les moments peut-être plus difficiles, mais pour l’instant, avec cette Paix que Jésus nous offre, nous vous disons notre amitié et gratitude pour ce que vous nous avez donné en étant sur l’autre rive !!

Gloria, Luigina Maria, Paloma et Rosaura

Compte-rendu Assemblée Castelfranco, Claudio CHIARUTTINI

Compte-rendu de l’Assemblée de Castelfranco Veneto

6-12 avril 2015

Canonisation

Le P. Bernard Ardura, postulateur, expose les questions concernant une cause de canonisation en général. Il n’est pas suffisant d’avoir un dossier illustrant les vertus du bienheureux, il n’est même pas encore suffisant un miracle obtenu par son intercession, il faut aussi que la canonisation contribue au bien de l’Eglise et de la société. La dernière condition revient au jugement du Pape et elle est parfois la raison du retard de la proclamation d’un saint.

Venant à Charles de Foucauld, une immense grâce a été récemment obtenue par son intercession. Une femme malade d’une tumeur sur l’épaule aurait dû avoir le bras amputé. Un chirurgien a accepté le défi de sauver le bras, tout en disant que vraisemblablement il n’aurait pas pu être utilisé. Il y a eu un mouvement de prière et le bras a été non seulement sauvé, mais aussi récupéré au 50%, par la merveille du chirurgien même et de tout le milieu médical qui n’avaient jamais vu rien de pareil. Cette grâce ne peut cependant pas être considérée un miracle selon les critères de l’église, faute de l’incomplète récupération du bras (il faut le 100% de guérison !) et du fait que le résultat s’explique par la grande capacité du chirurgien.

Dans la discussion qui suit, Claude Rault, face à ceux qui reprochent à l’Association de ne pas prier assez, affirme que « nous serons très heureux de la canonisation, mais pour nous le plus important est faire connaître la figure de frère Charles au de la de l’espion de la France et le faire connaître au musulmans comme témoin de Dieu ».

Centenaire

Marianne informe que le logo à la plus haute résolution est disponible pour être copié sur clé USB.

Les participants informent des évènements prévus.

compte-rendu-assemblee-castelfranco-evenements-prevus

Autres initiatives

Algérie

  • Le pèlerinage n’est pas possible au sud.
  • D’autres localités sont par contre accessibles, telles Béni Abbes, Timimoune, Ghardaïa, El Golea avec des agences locales et la contrainte des escortes.
  • Possibilités de retraites et temps individuels à Béni Abbes sans contrainte d’escorte.
  • Publication du livre de Antoine Chatelard : « Vers l’Assekrem ».

Allemagne

  • La Fraternité Séculière et les Petites Sœurs de l’Evangile prépareront un programme de cinq semaines d’Exercices spirituels dans la vie courante qui sera publié pour un usage individuel et pour l’animation dans les paroisses.
  • Faire des timbres poste personnalisés de commémoration du centenaire tirés par le secrétariat.

Centrafrique

  • Sur demande de la Fraternité Séculière, un programme de formation historique sur Ch.d.F. est en route sur la durée de six mois et deux rencontres par mois.

Israël

  • Petite Frères Jesus Caritas : Année foucauldienne à l’occasion de 120 de l’arrivée de Fr Charles a Nazareth.

Liban

2015

  • Visite au Patriarche Libanais pour l’informer du centenaire et demander la bénédiction
  • Faire connaître la spiritualité de Fr Charles a travers :
    • Distribution de livres dans les librairies religieuses
    • Rencontres paroissiales et diocésaines
    • Diffusion de films et documentaires sur les medias laïc et religieux.

2016

  • Célébration eucharistique sous le patronage du patriarche Maronite.
  • Retraite spirituelle rassemblant toute la famille spirituelle et les amis des différents groupes.
  • Présenter une pièce de théâtre et un récital de chants inspirés aux écrits de Fr Charles.

Syrie

Voici les idées qu’ils sont en train de discuter :

  • Une messe générale avec toute la famille spirituelle.
  • Une journée spéciale de toute la famille spirituelle.
  • Une conférence aux sujet de : « Entre le particulier et le général, qu’est-ce que la famille spirituelle de Foucauld a donné à l’Eglise et qu’est-ce qu’elle en a pris ? »
  • Si la situation le permet, une rencontre entre les pays du monde arabe en Liban ou en Syrie.

Aux amis du diocèse de Maroua-Mokolo et de Tokombéré

P. Grégoire CADOR

Tokombéré, le 23 avril 2015

Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré

Chers amis,

Trois mois déjà depuis ma lettre du 24 janvier…

Entretemps j’ai eu la joie de revoir certains d’entre vous lors de mon passage éclair en Sarthe pour la conférence de sensibilisation que Mgr Le Saux m’a permis de faire au Mans. Grand merci à lui et à tous ceux qui ont ouvert le cœur du diocèse du Mans à nos frères déplacés de Maroua-Mokolo.

Je voulais vous remercier tous très chaleureusement pour votre mobilisation physique, spirituelle et matérielle à cette occasion…

Certains qui ne pouvaient pas être là l’ont été quand-même grâce à d’autres qui ont très largement relayé les infos et le cri d’alarme que je voulais faire entendre. Merci à tous, grands et petits, de ces efforts qui mettent en œuvre la communion des saints de manière visible et palpable.

Merci à tous ceux qui ont « mis la main au portefeuille »… Les dons pour la Caritas diocésaine continuent d’arriver et ont déjà dépassé les 30.000 euros. Cela va vraiment nous « aider à aider »… Merci à tous.

Au-delà de la question matérielle, je suis très touché par les nombreux courriers qui continuent de manifester l’intérêt et le souci de beaucoup à notre cause qui rejoint celle de très nombreuses personnes à travers le monde. Ne relâchez pas vos efforts. Il est plus qu’urgent de faire retentir en nos vies l’écho de l’amour de Dieu pour tous les hommes, bons ou mauvais.

Je le dis et je le répète, chrétiens, nous sommes dépositaires de la Bonne Nouvelle de la fraternité universelle.

Citant le philosophe musulman Abdennour Bidar, le Pasteur Agnès Lefranc, de l’Eglise protestante unie du Mans, sollicitée pour une conférence à la paroisse de la Couture au cours du Carême 2015 ? disait : «la fraternité s’apprend. On ne naît pas fraternel, on le devient.» Je voudrais aller même au-delà en redisant que la fraternité nous précède puisqu’elle nous vient comme un héritage reçu de Dieu. Comme tout héritage, il nous faut l’apprivoiser. Et alors : Oui, la fraternité s’apprend. Car, si nous naissons frères, nous ne sommes pas toujours spontanément, ni forcément fraternels. Mais nous sommes appelés à le devenir…

Le monde d’aujourd’hui est un formidable défi à notre foi.

Les horreurs que nous voyons défiler sur nos écrans de télé actuellement sur ce qui se passe en méditerranée sont les conséquences directes de ce que la Pape dénonce comme la mondialisation de l’indifférence. La coupe est pleine et commence à déborder ! Il va bien falloir un jour que les riches acceptent de partager avec les pauvres, autre chose que les miettes qui tombent de leurs tables… Il va bien falloir trouver d’autres chemins que la violence et l’édification de barrières pour contenir la « montée des frères ». Aucun blockhaus, aucune forteresse ne pourra jamais contenir ni mettre à l’abri du frère qui a faim !

La seule solution c’est le partage ! Et donc la « déprise » de soi et la remise en question des avantages acquis.

Dans le véritable microcosme ou monde en miniature qu’est Tokombéré, nous avons vécu, il y a peu, les habituelles « Journées de Promotion Humaine ». Elles ont rassemblé pendant deux jours, un millier de responsables villageois venus de tous les secteurs de la paroisse. Chrétiens, musulmans, pratiquants de la religion traditionnelle, originaires d’une dizaine ethnies différentes. Je ne résiste pas, pour commencer, à vous donner l’intitulé de l’invitation qui a été mis au point par les organisateurs :

Thème retenu: « Etre Homme (homme et femme) aujourd’hui à Tokombéré ».

En 2015, nous constatons que nous sommes brassés les uns avec les autres (ethnies, religions…). Nos racines s’entremêlent et parfois se mélangent. Cela nous fragilise car nous ne savons plus exactement qui nous sommes et ce que veut dire être un homme aujourd’hui. Il n’est plus possible, comme autrefois, de nous construire en opposition les uns contre les autres. C’est ensemble, les uns avec les autres, que nous pouvons définir vers quoi nous voulons marcher. C’est le rôle de notre Projet de Promotion Humaine. Nous aurons à nous poser les questions suivantes :

1. Qui suis-je aujourd’hui comme être humain ?

a. en tenant compte de mes racines
b. en tenant compte des questions nouvelles qui se posent
c. en tenant compte des blocages que je rencontre partout

2. Que puis-je espérer ?

a. Quels sont mes objectifs et mes désirs ?
b. Comment m’ouvrir à ceux des autres ?

3. Que pouvons-nous faire pour atteindre ensemble ces objectifs ?

a. Le Projet de Promotion Humaine (PPHT) peut-il nous aider dans ce sens ?
Comment ?
b. Et moi, que puis-je faire là où je suis ?

Et pour vous donner un aperçu de la qualité du travail abattu, je vous livre un extrait de l’introduction du P. Justin : «Nos journées doivent nous obliger à changer, à reconnaitre notre identité, permettre de discuter ensemble pour voir ce qui est bon et ce qui est mauvais. On ne peut pas être un individu aujourd’hui sans être solidaire, on ne peut plus vivre aujourd’hui comme ont vécu nos ancêtres autrefois. Seul, je ne peux rien, il faut coopérer pour qu’on se développe. Il faut dépasser nos différences pour s’identifier, construire l’Homme nouveau.»

Continuons avec les nouvelles :

Le 19 mars, jour de la St Joseph nous avons vécu la passation de service entre l’ancien et le nouveau médecin-chef ! Après quarante ans, Christian passait la main à Jean-Pierre au cours d’une célébration pleine d’émotion et de simple dignité. La vie continue et Christian garde la lourde responsabilité de l’ensemble du Projet de Promotion Humaine et de curé de la paroisse !

Mgr Bruno Ateba, notre nouvel évêque, a effectué sa première visite au collège Baba Simon. Il a visiblement été impressionné par tout ce qui s’y fait. Il semble décidé à nous aider à continuer les efforts malgré les nombreuses difficultés que nous rencontrons devant la concurrence des très nombreux établissements publics qui se multiplient de façon anarchique autour de nous.

Monseigneur reviendra bientôt pour ouvrir le temps des « Portes de l’Avenir » avec le Projet-Jeunes et célébrer une cinquantaine de confirmations.

Nous avons vécu un très belle et fervente Semaine Sainte enracinée dans la foi et l’espérance avec en point d’orgue 55 baptêmes le jour de Pâques (une vingtaine d’autres étant répartis dans les semaines suivantes et les différents secteurs de la paroisse). Dans le contexte que nous vivons les mots et gestes de la liturgie pascale sont plus qu’évocateurs et se passent aisément de commentaires. En communion avec nos frères persécutés des églises d’Orient, je reprends juste ces mots tiré de leur liturgie : « C’est aujourd’hui le jour de la résurrection ! Soyons rayonnants pour la fête et embrassons-nous les uns les autres. Disons, ’O frères’, même à ceux qui nous haïssent ! Et crions: le Christ est ressuscité d’entre les morts ; à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie ! »

L’assemblée des « jeunes agriculteurs de Kotraba » a permis de faire le point avec eux sur les grandes difficultés qu’ils ont rencontrés cette année avec une récolte très moyenne et la situation d’insécurité qui les a particulièrement menacés. Cette année il n’a pas été possible d’envisager de nouvelles recrues mais nous comptons bien reprendre l’an prochain.

Concernant Boko-Haram nous étions dans une relative tranquillité depuis quelques semaines mais la semaine dernière le village musulman de BIA, situé à une cinquantaine de kms de chez nous (à environ 10kms de la frontière), a été entièrement détruit par le feu, une vingtaine de personnes tuées et une grande quantité de bœufs emportés… Nous devons rester très vigilants dans tous les sens du mot.

Le résultat des récentes élections présidentielles et régionales au Nigéria laissent entrevoir une lueur d’espoir. Le nouveau président semble décidé à prendre le problème Boko-Haram à bras le corps ainsi que les causes de son émergence dans la région.

Le 09 mai, nous allons conclure le cycle de formation interreligieuse dont je vous ai souvent parlé. Nous invitons tous les participants et intervenants des premiers week-ends (environ 140 personnes) pour une journée de synthèse et de réflexion sur le thème de «l’engagement du croyant dans la société.» Merci à ceux qui prient de penser à nous ce jour-là !

Début mai nous aurons aussi l’Assemblée générale des jeunes menuisiers qui se fait normalement en mars mais cette année le calendrier a perdu ses repères !

Avec les parents qui acceptent de prendre bénévolement du temps pour cela, nous sommes en train de mettre sur pied les chantiers de vacances 2015 qui permettent aux élèves de familles pauvres de s’inscrire au collège Baba Simon.

Voilà en gros les nouvelles qui vous montrent que nous ne nous ennuyons pas et que nous savons que la violence n’est pas le dernier mot !

Merci d’être avec nous.

Nous sommes ensemble.

A bientôt.

Grégoire

Je propose à votre médiation un texte de Paul Bhatti, chrétien pakistanais dont le frère Shahbaz ministre pakistanais des minorités religieuses, assassiné en 2011, disait dans son testament : «Je me considérerai comme un privilégié si – dans mon effort et dans cette bataille qui est la mienne pour aider les nécessiteux, les pauvres, les chrétiens persécutés du Pakistan – Jésus voulait accepter le sacrifice de ma vie. Je veux vivre pour le Christ et pour lui je veux mourir.»

La violence fondamentaliste a-t-elle encore un lien avec la religion ?

« Les attaques récurrentes contre les chrétiens en Irak, au Pakistan, en Syrie ou encore au Nigeria ont une racine commune : l’idéologie de groupes terroristes qui utilisent la religion pour imposer leurs vues et s’en prendre aux plus fragiles. C’est le cas en Irak avec l’État islamique (EI), mais aussi au Pakistan où les violences faites aux chrétiens sont directement proportionnelles à l’instabilité politique, économique et religieuse du pays. Aussi la tentation est grande d’établir un amalgame entre la religion apparemment en cause, à savoir l’islam, et ce qu’en font ces groupes terroristes qui bénéficient de nombreux soutiens financiers à travers le monde.

Aucune religion ne permet de tuer ou de mourir au nom de Dieu. Dans les textes bibliques ou coraniques, seul Dieu a le pouvoir de donner ou de retirer la vie. Ceux qui, au nom de l’islam, tuent des innocents, font l’apologie du suicide ou considèrent les autres religions comme ennemies n’ont rien à voir avec la religion dont ils se réclament. Tout discours religieux part du respect de l’humanité et ne vise qu’une victoire, celle de l’amour. Qui s’impose par la force dévoie la religion, chrétienne ou musulmane.

« La grande pauvreté et l’absence d’éducation constituent le terreau privilégié du terrorisme » 

En tant que chrétien engagé dans la défense des minorités au Pakistan, je connais l’islam de l’intérieur. J’ai suffisamment étudié ses textes pour savoir que leur interprétation varie d’un pays à l’autre et que l’histoire des premiers siècles de l’islam – en particulier la décision de faire la guerre ou non – ne doit jamais être séparée de son contexte et ne peut servir de règle à toutes les époques. Au Pakistan, je côtoie aussi beaucoup de musulmans de bonne foi qui aspirent au dialogue et à la paix. Certains l’ont payé de leur vie, comme Salman Taseer, gouverneur musulman du Pendjab, assassiné en janvier 2011 parce qu’il prenait avec mon frère, le ministre Shahbaz Bhatti, la défense des chrétiens emprisonnés à cause de la loi sur le blasphème. Aujourd’hui encore, des avocats et activistes musulmans des droits de l’homme défendent les chrétiens au Pakistan, bravant tous les jours la peur et les menaces. Ils sont à mes yeux la plus belle expression de l’islam.

Parce que la violence qui se déchaîne sous nos yeux n’est pas de nature religieuse, les leviers sur lesquels nous pouvons agir sont avant tout politiques et sociaux. La grande pauvreté et l’absence d’éducation constituent le terreau privilégié du terrorisme. C’est pourquoi il revient aux leaders politiques et religieux de s’asseoir autour d’une même table afin d’examiner les vrais problèmes de leur pays et de prendre des mesures concrètes, à commencer par la fermeture des écoles religieuses où les enfants sont endoctrinés dès leur plus jeune âge. La Turquie, l’Indonésie ou les Émirats arabes unis ont accompli de réels progrès dans ce sens et sont parvenus à diminuer leur niveau de violence. »

Propos recueilli par Samuel Lieven
La Croix du 05 septembre 2014

Notre frère Mathieu SAWADOGO

mathieu-sawadogoL’abbé Mathieu Sawadogo, de la Fraternité Sacerdotale Iesus Caritas du Burkina Faso a été rappelé à Dieu le vendredi 1er mai 2015. Ses obsèques auront lieu le lundi 4 mai à Ouahigouya. Il est mort suite à un accident de la circulation alors qu’il se rendait au Monastère Sainte Claire de Saye (7 km de Ouahigouya) pour administrer le sacrement de la Réconciliation aux moniales.

Né en 1958, ordonné prêtre le 9 juillet 1988 et décédé à l’âge de 57 ans, l’abbé Mathieu a exercé son ministère sacerdotal dans différentes paroisses et institutions du diocèse de Ouahigouya (Ouahigouya, Secrétariat épiscopal, Kongoussi, Aumônerie de la Jeunesse, Titao, Bam). Après un séjour d’étude et de coopération missionnaire au Mexique de 2008 à 2012 il est retourné à Ouahigouya et assurait le service de directeur spirituel des petits séminaristes et confesseur des moniales Clarisses de Saye.

L’abbé Mathieu est un des membres assidus de la Fraternité Sacerdotale Iesus Caritas du Burkina. Nous gardons de lui le souvenir d’un frère très humble, très doux et très attentif aux joies et aux souffrances des autres. Son décès est une grande tristesse pour son diocèse et pour la Famille de Charles de Foucauld au Burkina. Prions pour lui afin que le Seigneur l’accueille dans la vie éternelle.